Lorsque l’on éduque un chien on peut d’abord croi…
Lorsque l’on éduque un chien on peut d’abord croire que nous sommes dans une petite bulle. C’est-à-dire qu’il n’y aurait que le chien et nous, réfléchissant plus ou moins ensemble, sans aucune perturbation. C’est bien entendu totalement faux, rapidement on se rend compte que l’environnement tout autour ne s’efface pas sous prétexte que l’on est en train de travailler avec son chien. L’environnement peut être particulièrement divertissant et il convient de le gérer ou de l’utiliser, vous pouvez notamment le voir dans l'article sur le conflit de motivation ou encore au sein de l’article sur les 3D (distance, durée, distraction).

Il y a également un autre phénomène qui est particulièrement important à prendre en compte, le phénomène d’association. Nous allons d’abord le voir chez l’humain avec l’exemple du facteur.

Vous voyez le facteur arriver. Vous venez d’emménager, vous ne le connaissez pas, vous êtes zen. Il pose un courrier dans la boite aux lettres. Vous allez voir, pas de chance : une facture. Le lendemain, pareil et toute la semaine, pareil. Le dimanche, le facteur passe. Ravi de le voir ? Non.

Même scène, même situation, mais la lettre contient au gros chèque. Le dimanche, il arrive ! Plutôt génial non ?

Soyons sérieux, on sait tous que ce n’est pas le facteur qui met les factures ou les chèques dans les courriers, mais ça n’empêche pas que nous sommes capables de faire une association entre "le facteur" et "la nouvelle qu’il nous amène".

Il se trouve qu’un phénomène similaire arrive avec les chiens. Ce phénomène peut être employé en rééducation avec des chiens agressifs, réactifs, peureux,... ou au contraire créer des problèmes de comportement. Voyons trois cas concrets pour aborder un petit peu la manière dont fonctionnent ces associations.

Cas n°1 : pas de soucis et l’association arrive...

Il s’agit du cas classique du collier étrangleur (que je vous déconseille fortement). Le chien marche, il tire, ça serre, ça fait mal, il cesse de tirer. Ça parait tout simple, mais maintenant, on va ajouter une simple circonstance. Un enfant joue. Le chien en question est jeune, il a très envie d’aller jouer avec l’enfant. Le chien marche, voit l’enfant, tire dans sa direction, ça sert, ça fait mal,... La première fois, c’est peut-être anodin, mais la situation va se produire encore et encore car le chien montant en excitation aura beaucoup de mal à rester au pied sans faire le moindre pas vers l’enfant. Potentiellement, il peut associer "l’enfant" à "l’arrivée de la douleur", alors on verra une nouvelle phase arriver. Soit l’envie de fuir les enfants, soit une tentative d’auto-défense. Le chien ne souhaitant pas souffrir fera de son mieux pour éviter la situation... On parle dans ce cas-là d’association négative.

C’est à cause de ce phénomène d’association que certains éducateurs souhaitant malgré tout employer des outils coercitifs le font dans des lieux particulièrement sécurisés afin d’éviter toute mauvaise association accidentelle... Pour ma part, je déconseille simplement ce type d’outil qui a bien des conséquences.

Il est important de souligner que les associations négatives ne se font pas forcément envers le bon coupable. Le chien ne s’en prendra pas directement à son collier étrangleur. Il peut faire une tentative d’auto-défense envers la personne qui tient la laisse mais il peut également la faire sur n’importe quoi survenant dans l’environnement au même instant.

Cas n°2 : un soucis et l’association arrive...

Dans le cas d’un chien peureux, on peut choisir de lui montrer l’objet de sa peur en le plaçant suffisamment loin pour que le chien soit dans sa zone de confort et de faire en sorte qu’à chaque fois qu’il le voit, une récompense arrive. Ainsi l’objet de la peur n’est pas inquiétant (à cause de la distance) et une association positive arrive.

Ce type de méthode demande néanmoins une bonne compréhension des distances de confort et du timing pour fonctionner. Il est donc important de travailler ce type de soucis avec un professionnel compétant.

Cas n°3 : un autre soucis et l’association arrive...

On peut également observer la façon de régler des problèmes de possessivité avec les associations. Nous partons du cas très basique où un chien est possessif envers son humain et les caresses. Si l’humain caresse son chien et qu’un autre chien s’approche, le premier choisit alors d’attaquer. On peut déjà voir qu’il a fait une mauvaise association entre l’arrivée de ce chien et les caresses (l’arrivée de l’autre signifie la perte des caresses, il faut défendre les caresses).

Le but sera donc d’inverser les associations. Si le chien qui défend est trop agressif, pour la sécurité de tout le monde on peut choisir de travailler en muselière (après avoir appris à s'en servir en renforcement positif, bien entendu) et avec l’autre chien en laisse pour gérer son approche. L’idée est qu’au plus l’autre approche, au plus le chien possessif a de caresses. Si l’autre s’éloigne, on arrête les caresses. Alors il n’y a plus d’intérêt à chasser l’autre (perte des caresses) et l’autre devient une bonne nouvelle (plus de caresses).

Toute fois ce type de méthode demande, elle aussi, une bonne compréhension des distances de confort et du timing, donc se faire aider pour un bon professionnel reste particulièrement intéressant.