Le diagnostic d’hyperactivité ou celui de HS-HA est souvent un diagnostic discutable comme nous avons pu le voir dans
l’article sur l’overdose d’hyper. Néanmoins ça ne veut pas dire que la situation n'est pas problématique ou qu'il ne faut pas essayer d'améliorer certaines choses. Par contre, en ayant tout ceci en tête, il va falloir distinguer plusieurs profils différents au sein des chiens qui pourront être représentés sous cette étiquette.
Pour faire ces distinctions, on va commencer par se concentrer sur l’aspect « énergie ». Tout d’abord on a les chiens qui se calment, qui s’apaisent et qui s’apaisent durablement après une activité physique. Ensuite, on a ceux qui s’apaisent sur le coup, mais juste sur le coup et qui redémarrent en suivant. On n'arrive assez difficilement à les apaiser sur le long terme, c'est plutôt une lutte du quotidien. Enfin, on va pouvoir trouver ceux qui ne s’apaisent pas du tout ou vraiment de façon brève. Ce ne sont pas trois catégories clairement distinctes, il y a des tas de positions intermédiaires mais il est intéressant d’essayer de définir où en est son chien dans ce schéma.
Pour les chiens qui s’apaisent durablement, vous pouvez partir sur un profil de chien sportif avec peut-être de gros besoins. Pour les chiens qui ne s’apaisent pas ou très peu, on sera sur ce que je vais appeler « le profil type de l’hyperactif ». Au moment de choisir une activité, cette différence va vraiment tout changer.
Ensuite, il y a l’aspect purement émotionnel car le chien peut avoir un très haut niveau d’énergie, être très actif, sans pour autant présenter une excitation très importante. Hors l’excitation va rendre certaines activités plus dangereuses et moins recommandables. Dans tous les cas, il sera intéressant d’observer l’impact de l’activité sur l’émotion de son chien et souvent cela va supposer de tester réellement. Si l’activité fait grimper le niveau d’excitation de votre chien, c’est problématique.
Du côté des activités, avant de vous proposer de but en blanc une liste d’activité idéale, il y a aussi des différences très importantes. Certaines activités vont surtout combler un besoin de dépense physique, d’autres vont venir titiller la réflexion et fournir des dépenses mentales, d’autres vont combler une partie des besoins exploratoires. Certaines activités vont également agir comme un accélérateur sur le niveau d’énergie du chien en l’excitant alors que d’autres seront plutôt comme une pédale de frein et vont finalement calmer le chien.
On a souvent tendance à tort à associer des activités calmes aux chiens calmes et des activités excitantes aux chiens excités. En réalité, il serait plus judicieux de faire l’inverse. S’apaiser aidera les chiens excités à avoir une meilleure maîtrise d’eux-mêmes et les chiens calmes peuvent se permettre de tester des choses plus stimulantes.
Néanmoins la majorité des chiens qui sont annoncés hyperactifs sont sans doute seulement en manque d’activités et finalement, choisir un ou plusieurs sports leur fera avant tout du bien. On vous conseillera juste d’éviter les sports les plus excitants et de toujours réfléchir à l’impact sur l’émotion de votre chien. Donc si votre chien s’apaise durablement en cas d’activité, il va surtout falloir trouver des sports qui plaisent autant à votre chien qu’à vous-même.
Le profil type du chien annoncé hyperactif de son côté va être beaucoup plus compliqué. Il suppose un chien qui a beaucoup de mal à se concentrer, qui papillonne, qui monte très vite en excitation et qui ne s’apaise pas facilement. Pour ces chiens, il est intéressant d’éviter de leurs proposer de grosses activités physiques car ils vont simplement se muscler, se muscler de plus en plus et gagner en endurance. Cela revient à construire une situation ingérable sur le long terme. Néanmoins, ces chiens ont un besoin de dépense physique qui est bel et bien là. Il faudrait simplement le combler sans abus et faire très attention au gain en endurance.
Cela va nous amener à déconseiller ou à conseiller avec une grande modération les activités suivantes :
- Toutes les activités de tractions (cani-vtt, cani-cross, …)
- Toutes les activités de jet (frisbee freestyle, flyball, …)
- Toutes les activités de mordants (ring, …)
Et cela va nous amener à conseiller d’autres activités qui seront parfois beaucoup plus dures à mettre en place parce que l’on va venir essayer de contrer les différentes problématiques du chien.
- Toutes les activités d’odorats (hunting games, mantrailing, …)
- Toutes les activités de réflexion (obé-rythmée, medical training, tricks, …)
Ces activités sont difficiles puisque le chien a peu de concentration, mais on peut les voir comme des outils « thérapeutiques » qui vont venir aider le chien à réellement travailler sur ses soucis. L’absence de concentration du chien rend la mise en place très lourde pour l’humain et parfois très décourageante. Se fixer des objectifs particulièrement faibles peut permettre de se mettre en condition de réussite malgré tout. Par exemple, dans un apprentissage de tricks, simplement réussir à rester concentrer le temps de deux friandises pourrait être vu comme une victoire. L’apprentissage final étant notre but lointain que l’on poursuivra sur le long court. L’activité est plus là pour nous motiver nous, l’humain, et nous fournir un objectif que pour se voir réaliser rapidement.
A côté de ces sports / activités, nous pouvons proposer des activités apaisantes telles que la mastication, le léchage (à travers des tapis fourrés et souvent congelés), le massage, la méditation avec l’humain, … L’objectif étant d’appuyer autant que possible sur des pédales de frein variées. Pour la dépense physique qui est malgré tout présente, la randonnée semble être un bon choix puisque c’est une activité qui suppose de l’exploration. Malgré tout, combler entièrement le besoin de dépense physique avec ce type d’activité peut être difficile et ça peut nous amener à choisir d’autres sports plus « remuants ». Les sports de tractions, s’ils sont faits dans le calme, et en faisant très attention à ce que le chien ne se muscle pas trop, peuvent être une solution pour gérer et je pense notamment aux sports qui vont demander plus d’efforts au chien qu’à l’humain comme le cani-vtt. L’objectif peut être de faire une seule séance par semaine, relativement courte, juste pour conserver une « soupape » pour déverser le trop plein d’énergie. D’autres activités comme l’agility peuvent être envisagées mais j’encouragerai plutôt à partir sur un sport « cousin » : les hoopers car l’impact physique est moins important et du coup, le chien se mettra moins facilement en danger.
Dans tous les cas, une fois vos sports choisis, il faudra les mettre en place, voir comment votre chien y réponds, dans quel cadre vous pouvez les faire et puis, idéalement, il faudrait faire une prise de note pour voir l’impact de ce sport sur le comportement de votre chien.
Une possibilité c’est d’essayer d’évaluer le niveau d’éveil de votre chien régulièrement. Si 0 représente un chien apathique ou endormi, que 100 représente un chien en train de courir de partout au comble de l’excitation où en est votre loulou ? Ce chiffre devrait bouger lentement (ou pas) mais pendant quelques minutes, observez-le et évaluez à quoi ressemble sa petite courbe d’énergie. En le faisant régulièrement vous devriez voir au fil des semaines si l’activité à un impact sur ce niveau d’énergie, soit en le tirant vers le haut, soit en le tirant vers le bas.
Cela peut se faire juste après l’activité mais je trouve plus pertinent de le faire à un autre moment de la semaine car ce n’est pas la fatigue immédiate que l’on cherche à évaluer mais vraiment un impact plus profond sur son mental et son énergie. Si au fil des prises de notes, ce niveau a tendance à se réduire ou à défaut, à se maintenir, l’activité n’est pas problématique. Si au contraire, ce niveau augmente, à vous de définir s’il y a d’autres facteurs qui pourraient l’expliquer, s’il y a des points modifiables dans votre pratique et surtout, si ce sport est un bon choix malgré tout.
Amusez-vous bien !