Il est difficile d’aborder le sujet de la bientraitance ou du bien-être car tout le problème de fond se situe dans sa définition, qui peut varier en fonction de nos convictions, nos avis, nos connaissances, ... En plus de cette définition fluctuante, il n’existe pas une bientraitance qui s’oppose au travers d’une frontière tout à fait fixe, à la maltraitance. Il existe une zone floue et parfois immense, entre les deux. Cette zone est une zone que l’on peut voir comme étant « neutre ». En fonction de qui nous sommes, cette barrière peut donc être totalement différente.
La bientraitance, c’est par exemple, respecter les besoins de son chien. Seulement définir ses besoins et les quantifier est particulièrement compliqué. On peut faire des erreurs, très facilement.
Le chien est une espèce grégaire, ils ont besoin de contact avec leurs congénères. Ils ont besoin d’explorer, d’utiliser leur sens, de se dépenser physiquement et intellectuellement … Bref, ils ont besoin de balades dynamiques et intéressantes. Si nous nous arrêtons sur ce point et uniquement sur celui-ci, un chien qui vit seul (sans autre chien) dans un jardin ou sur un terrain clos sans aucune sortie, est-il un chien maltraité ? Nous pourrions parler de maltraitance « passive ». Elle n’est pas volontaire, mais elle est suffisamment grave pour que l’animal développe des troubles du comportement lorsqu’il la subit de façon abusive. Et effectivement, un chien isolé sur un terrain peut développer un certain nombre de soucis … Mais si le terrain est vraiment immense ? Si le chien ne montre pas le moindre problème ? Si une fois de temps en temps le chien sort ? Si l’extérieur est stressant pour le chien ? Si … ?
Chaque milieu de vie est relativement unique et chaque chien vivra plus ou moins bien à l’intérieur de ce milieu. Ce qui pour certains chiens est de la bientraitance, par exemple courir devant un traîneau avec d’autres chiens est un très bon moment pour certain, peut-être vécu comme de la maltraitance pour d’autres. Imaginez un Malamute ou un Husky, des races de chiens de traîneaux qui pourront trouver du plaisir au travers de la traction et de ce type de travail … et imaginez un molosse à face plate et peu endurant. La même activité n’aura pas du tout la même valeur. Le second s’essoufflera, fatiguera et pourra même se blesser …
La bientraitance a cette double difficulté d’appréhension. Elle change en fonction du regard humain (filtre de perception) et en fonction de l’animal. Il peut être intéressant de se demander si nos actes de tous les jours comme nos actes les plus rares sont plutôt dans la case de la bientraitance, dans une case relativement neutre ou dans une case de maltraitance.
Posez-vous la question, est-ce que : « Attraper son chiot par la peau du cou et le secouer », « Utiliser un collier étrangleur, un torquatus, un collier électrique, … », « Donner une tape, une fessée, … », « Mettre son chien en cage durant toute la journée » sont des actes de bientraitance ? Si la réponse est « je ne sais pas », peut-être qu’avant d’utiliser l’une de ces solutions ou d’autres d’ailleurs, il faudra faire les recherches nécessaires pour y répondre. Si la réponse est « oui », je vous invite à faire des recherches. Si la réponse est « non », nous sommes du même avis et toute la question qui se pose est de savoir comment éviter de les utiliser.
J’ai parlé de « connaissances » un peu plus haut et ici, j’ai cité le fait d’attraper son chiot par la peau du cou avant de le secouer. J’ai fait exprès car c’est exactement l’un des thèmes où nos connaissances, nos croyances, nos convictions vont nous opposer. Pour certains, ce geste est le « geste d’une maman » et une maman tendre, douce, aimante, … qui éduque simplement. Un bon geste en sommes. Pour d’autres « attraper et secouer » correspond à un geste très précis, qui est le mouvement d’une mise à mort, que l’on peut observer régulièrement lorsque les chiens jouent avec des peluches. Appliquer un « geste de mise à mort » ou le « geste d’une maman », c’est un acte très différent, pourtant c’est le même geste, appliqué sur le même chien. Celui qui tranche entre les deux avis, c’est le chien et lui demander ce qu’il pense, ce n’est pas toujours évident. En découvrant les signaux d’apaisement, on découvre énormément de choses par exemple : « Est-ce que mon chien aime les caresses ? », caresser un chien qui aime cela, ça peut rentrer dans la bientraitance, caresser un chien qui déteste cela, ça n’en est pas. Dans le cas de la prise au cou, on peut voir énormément de signes de stress qui montrent clairement que non, ce n’est pas de la bientraitance du tout. Un chien qui subit ce geste n’est pas dans une situation de bien-être.
Viens ensuite la question du choix. On peut ne pas avoir le choix et qu’il soit impossible de rester dans de la bientraitance. Pour un chien particulièrement anxieux, ayant néanmoins besoin de contact, l’isoler ne permet pas de respecter son bien-être … le soumettre à un environnement, même pauvre, provoque du stress, n’est pas non plus idéal en terme de bien-être. Néanmoins, ces situations impossibles ne doivent pas être une excuse pour ne pas essayer de faire de son mieux pour se rapprocher du bien-être de son animal.
Parmi toutes les situations imaginables, je pense que le quotidien et l’éducation sont celles qui malmènent le plus facilement et le plus gratuitement le bien-être canin. Le quotidien car il est souvent inadapté. L’éducation car non, la fin ne justifie pas forcément les moyens.
En soit, je crois qu’il est beaucoup plus facile de maltraiter son chien, avec tout l’amour et la bonne volonté que l’on puisse avoir, que de lui permettre de vivre dans une bientraitance quotidienne. Les petits manquements, l’absence de compréhension, les erreurs d’appréciation, … tout ça ne joue pas en notre faveur.
J’aime voir la bientraitance comme une utopie, que l’on ne devrait pas avoir à abandonner mais au contraire, qui serait à appréhender comme étant un but derrière lequel nous devrions courir en permanence. Alors, bonne course à tous et amusez-vous bien, car bien-traiter son animal, c’est aussi un moyen de se sentir bien à ses côtés et de s’épanouir.