Dans cet article nous allons aborder plusieurs gros sujets. La soumission, la résignation, les techniques d’immersion, mais le sujet principal sera la détresse acquise … que je résume sous le titre « Jusqu’à ce qu’il ne bouge plus ».
Je vais commencer par vous parler de la torture chez l’être humain. Malheureusement, dans bien des endroits, il existe encore des personnes pour employer la torture, notamment sur des prisonniers. Que leurs font-ils ? Ils peuvent les battre, les électrocuter, faire des simulacres (ou pas) de noyade, … Nous avons tous vu ça dans les films, sans trop oser penser que cela arrive vraiment. Tout ça, on est d’accord, on peut le mettre dans la case « maltraitance », « torture » sans le moindre souci. A condition que la personne ne souhaite pas le vivre bien entendu. Si un geôlier se prend une envie masochiste et qu’il se fait plaisir en testant, il ne vit absolument pas la même chose que sa victime qui lui n’en a pas le choix.
Cependant, il y a d’autres tortures qui existent. On les appelle parfois « torture blanche », « torture propre », … Elles peuvent conduire à de véritables séquelles pour l’individu et pourtant, lorsqu’on les décrit, elles ne ressemblent vraiment à rien. Parfois, ça peut même prêter à rire ! Ca de la torture ? Meuh non. Et pourtant … Isoler un être humain dans une cellule, sans contact avec l’extérieur est bel et bien une forme de torture.
Le fait que ces tortures mentales soient si difficiles à appréhender au sein même de notre espèce doit nous alerter. Dans l’article qui va suivre, certaines méthodes paraîtront douces, respectueuses, raisonnables, … Elles ne provoqueront aucune blessure visible, mais il n’y a pas besoin de lever la main sur un animal pour lui faire du mal. Il n’y a pas besoin de le blesser pour le mettre dans un état psychologique terrifiant. Les commentaires fait sur certains articles montrent bien à quel point, c’est difficile d’appréhender ce type de souffrance, alors je vous demanderez seulement de garder l’esprit ouvert et de vous dire : « et si jamais, c’était vrai. Est-ce que le risque en vaut la peine ? »
Lorsque l’on croise le terme détresse acquise au détour d’une conversation et qu’on lit la description de cet état : à savoir globalement, une absence de réaction de peur ou de défense, … il est légitime de se demander quel est la différence entre la détresse acquise et un simple détournement d’attention ou un apprentissage tout à fait positif. Il arrive que le chien se calme, est-il forcément en détresse ? Ça parait un peu ridicule.
Lorsqu’il y a une maltraitance physique claire et compréhensible par tous, cette même détresse acquise devient évidente. Il est plus difficile de la détecter lorsque la pression est moins physique que mentale.
Voici trois scènes :
1 - Un homme est dans un ascenseur. Il frappe son chien qui vole contre les parois, puis il le rappelle et le chien revient sans manifester de peur visible. L’homme le refrappe, le rappelle, le chien revient comme si de rien n’était. Il n’attaque pas, il ne se défend pas, il ne communique pas clairement sa peur.
2 - Un homme est dans une cave. Il maintient un chien sur le dos. Celui-ci ce débat, cherche à se défendre puis s’immobilise et reste coucher.
3 – Une femme (pour changer) tient un chien paniqué dans une foule. Elle ne le laisse pas s’éloigner, ni attaquer. Au bout d’un moment, le chien s’immobilise et ne montre plus de signe de peur.
A présent, reprenons-les avec quelques informations de bases.
Un comportement a lieu lorsqu’il est motivé par une cause et qu’il parvient à la combler. Par exemple, les punitions négatives (punition par retrait) sont basées sur ce principe. Le comportement qui ne rapporte rien finit par disparaître, tout simplement. On peut également faire disparaître un comportement en travaillant sur sa cause. Si un chien chasse parce qu’il a faim, le nourrir supprime le comportement. Donc : plus de cause fait disparaître le comportement et pas d’efficacité fait disparaître ce même comportement.
Face à la personne qui frappe, le chien a pu tenter de se défendre mais les coups ont continué. Ce comportement n’apportait rien. Le chien a pu communiquer « j’ai peur », « j’ai mal » … mais cette communication n’apportait rien. Le comportement de l’homme n’a pas changé et le chien a appris que ces comportements étaient inutiles. Placé dans une situation où rien de fonctionne, il reste l’inhibition.
Cela fait comme un petit circuit. Quelque chose de désagréable arrive, peut-il fuir ? Non, il est coincé. Peut-il se défendre ? Non, ça ne sert à rien, ça ne marche pas. Dans ce cas-là, c’est un autre circuit qui commence. Puisque toute action est inutile et pourrait aggraver la situation, mieux vaut ne rien faire. L’animal s’immobile, ne cherche plus à communiquer, à fuir ou encore à se défendre. Cette absence de communication donne l’impression que tout va bien si le comportement humain n’a pas l’air anormal.
Dans le cas du monsieur qui bat son chien, la réaction du chien parait anormale face à celle de l’humain, donc le problème est clairement visible. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et parfois, on trouve de beaux discours pour enrober la situation et la rendre tout à fait « normale ».
Nous arrivons au second cas.
Je ne veux pas aborder dans cet article, le sujet de la dominance ou de la hiérarchie entre l’Homme et le chien (interspécifique). Nous passerons donc sur cet aspect. Simplement, la mise sur le dos est souvent conseillée pour soumettre le chien et on précise « jusqu’à ce qu’il ne bouge plus ». Ce comportement immobile étant censé symboliser sa soumission.
Seulement … Dans cette situation, nous avons un chien qui a potentiellement un souci de comportement et c’est pour cela, que la personne intervient. Le chien se retrouve coincé dans un coin, ses distances de sécurité sont franchies, il est attrapé et manipulé. Plutôt angoissant, non ? Alors ce chien cherche à fuir. Seulement, ça ne marche pas, il est coincé. Alors il abandonne, ce comportement et il tente de se défendre, mais ça ne marche pas. On le plaque, on le maintient et l’on attend « que la magie opère » et finalement, le chien ne peut plus rien faire … Il rentre en détresse acquise, cesse tout mouvement et cela, sans qu’aucun coup n’ait été donné. La violence n’est pas évidente mais ce chien est dans le même état que le précédent, les fractures et autres conséquences des coups en moins.
Troisième cas … Le chien est paniqué, il a peur de la foule et il est en plein milieu d’elle. Il tente de fuir et ça ne marche pas. Il est trop loin ou dans l’incapacité de se défendre, peut-être que la panique est telle qu’il ne tente même pas … Que peut-il faire ? Absolument rien … Alors … Vous connaissez la musique : il tombe en détresse acquise et ne tente plus rien. Il a l’air soudain serein. Totalement calme.
Cette méthode s’appelle l’immersion, on peut croire que le chien s’habitue … Ça n’a pas l’air violent et c’est très efficace. Seulement le chien n’a pas appris à aimer la foule (comme dans une association positive), il ne s’est pas habitué peu à peu (comme dans une désensibilisation), … Il a juste appris qu’aucune réaction n’était la bonne.
Pour provoquer la détresse il suffit d’une situation impossible à résoudre et d’être coincé dedans. C’est également vrai pour d’autres espèces. Le problème c’est que cet état est néfaste sur le long terme, les recherches menées pour l’humain montrent que tout un tas de problèmes de santé arrivent si cet état persiste trop longtemps.
A chaque fois qu’une méthode éducative précise de continuer « jusqu’à ce que le chien ne bouge plus », cela doit vous alerter. Car non, l’immobilité n’est pas une preuve de soumission. Ce n’est pas non plus la preuve que tout va bien, pensez donc à l’état d’apathie. Tout ne va pas bien lorsque l’animal est apathique.
Vous pouvez trouver que les descriptions de cet état, qui a été malheureusement été produit en laboratoire en expérimentant sur des chiens, est ridicule. Vous pouvez ne pas y croire. Mais … et si c’était vrai ? Est-ce que ça en vaut la peine ? Il y a des tas d’autres méthodes qui existent, parfois, plus lente, moins efficaces, plus difficiles, mais elles existent et votre chien ne vaut-il pas la peine de faire attention et d’appliquer un peu de « principe de précaution », « juste au cas où » ?
Pensez-y.