Pour partager, pour comprendre, pour découvrir, la vulgarisation est très importante. Elle nous donne une porte d’entrée vers des connaissances jusque-là inaccessibles. Malheureusement, la vulgarisation suppose de simplifier, de schématiser, d’employer des mots simples et parfois des raccourcis. On perd une partie de l’information.
En éducation positive, il y a une espèce de formule, presque un adage : « Récompenser les bons comportements, ignorer les mauvais ». Malheureusement, cette formule contient une énorme erreur. En l’état un mode d’éducation qui consisterait à ignorer le mauvais et à récompenser le bon serait quasiment inutilisable. Quasiment. En faites, ça résume bien une grande partie de l’éducation positive … mais ça oublie énormément de points.
Récompenser les bons comportements, c’est le renforcement positif. C’est l’emploi des récompenses pour apprendre au chien à faire ce que l’on désire. La grande majorité des choses peuvent s’apprendre en renforcement positif, que ce soit les positions, les auto-contrôles, les choses que l’on voudrait que le chien fasse ou celles que l’on voudrait qu’il évite. Néanmoins, il y a certains comportements qui vont demander d’autres stratégies. Prenons un exemple !
Si un chien fouille et mange le contenu d’une poubelle, il se fait plaisir. En l’ignorant, nous le laissons se faire plaisir et son comportement ne change pas. Avec « récompenser le bon », on peut récompenser lorsque le chien ne mange pas le contenu de la poubelle ou qu’il l’ignore, mais c’est délicat. On peut également lui faire un coffre, plus intéressant, plus pertinent, que la poubelle et espérer que son comportement se redirige dessus. On peut … On peut trouver des solutions mais c’est d’autant plus compliqué si le chien continue de se faire plaisir en mangeant la poubelle à l’occasion. Du coup, nous avons tendance à combiner les méthodes et à appliquer une démarche un peu plus globale que ça.
On s’intéresse aux causes. On s’intéresse aux comportements à obtenir à travers le renforcement. Et puis, vient toute la phase qui se cache derrière la très mauvaise vulgarisation « ignorance ». Et c’est d’autant plus une mauvaise vulgarisation que nous somme typiquement dans la situation où nous n’allons pas ignorer … Lorsque le chien est en train de vandaliser la poubelle, l’ignorer ne va ni l’empêcher de continuer, ni améliorer son comportement. En faites, dans cette situation précise, l’ignorer va empirer les choses. Alors que fait-on ? On attire son attention, on l’éloigne, on joue à « on part en balade » peu importe : on s’arrange pour qu’il délaisse la poubelle. Ça, ça ne va pas non plus améliorer son comportement sur le long terme, ça ne va pas l’éduquer. Néanmoins, ça nous permet de limiter un peu l’auto-récompense.
L’étape suivante ? On réfléchit ! C’est aussi pour ça que l’on ne peut pas résumer l’éducation positive à récompenser et ignorer. Nous allons toujours devoir nous adapter et donc : réfléchir. Pourquoi le chien dévore-t-il la poubelle ? Parce que c’est fun ? Parce qu’il ne s’ennuie pas en le faisant ? Parce qu’il a faim ? … Combattre la cause est important !
Donc résumons par rapport à notre exemple : on gère l’immédiat en détournant, on réfléchit, on s’occupe de la cause et on la combat (exutoire, moyen de substitution, …), on renforce les bons comportements et … c’est pas tout. Nous allons également « punir » ou « limiter totalement le renforcement ».
A chaque fois que le chien détruit la poubelle, cela augmente les risques qu’il retourne détruire la poubelle. Nous allons donc mettre en place des techniques pour éviter qu’il puisse détruire la poubelle, que ce soit en achetant une poubelle à couvercle ou en enfermant la poubelle dans un meuble par exemple. En soit, c’est une forme de punition pour le chien.
Parfois, cette forme de punition consistera à ignorer le chien, mais c’est un cas particulier et non la norme. Le chien peut désirer de l’attention et adopter un mauvais comportement pour l’obtenir, alors l’ignorer sera une piste efficace. Parfois on ignorera le chien simplement pour éviter d’empirer la situation, mais ce n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas ce qui l’éduque.
Au final, l’étape « on réfléchit » est l’étape la plus importante car elle nous permet de prendre le temps de chercher quelles méthodes appliquées en fonction des buts du chien, de sa volonté et de ses capacités. Pour que l’éducation positive soit mieux comprise et appliquée correctement, il faut aussi que l’on apprenne à la vulgariser d’une façon plus efficace. Alors je pense qu’il faut faire très attention à la manière dont on la partage et à des formules telles que « récompenser les bons comportements et ignorer les mauvais » parce que ça peut mettre des personnes en échec.