Dans cet article je vais parler de méthodes, mais…
Dans cet article je vais parler de méthodes, mais il ne s’agit pas d’éducation positive, de méthodes naturelles ou autres, mais vraiment de chaque petites « manières de faire ». Par exemple, pour la marche en laisse, une méthode va être de s’arrêter quand le chien tire, une autre méthode va être d’apprendre à marcher au pied en récompensant le chien quand il passe dans la bonne zone. Pour une même problématique je viens de citer deux méthodes différentes dont les buts peuvent également être différents même s’ils répondent au même problème. Du coup quand je parlerai de « méthodes », je vais vraiment parler de ces petites manières de faire.

Pour des questions d’habitudes ou encore d’expériences, nous avons tendances à toujours employer la même petite méthode ou la même série de petites méthodes. On peut également se sentir totalement bluffé par une méthode et choisir de l’adopter. Néanmoins, si on essaye de la reproduire encore et encore et encore sur des dizaines de chiens, on va se rendre compte qu’elle n’est pas parfaite. En fait, lorsque l’on parle de soucis de comportement toutes les méthodes ont leur contre-indication ! Il n’existe pas une seule méthode à ma connaissance qui soit totalement universelle, adaptée à tous et reproductible à l’infini sans aucun souci. On pourrait l’expliquer en parlant de la différence des causes derrière les comportements ou encore à cause de la violence des émotions ou même en parlant des sensibilités propres à chacun. On pourrait également parler des apprentissages déjà fait et sans doute d’un tas d’autres facteurs.

Le problème c’est que si on oublie de prendre ce recul et de faire simplement attention, on risque de causer beaucoup de dégâts même si nos méthodes sont généralement respectueuses, douces, amicales, coopératives, … Faire de l’éducation positive, ça ne veut pas dire que ce que l’on propose est sans danger pour les duos !

Reprenons notre exemple : le chien tire en laisse. Un chien qui tire en laisse peut le faire parce qu’il ne sait pas marcher correctement en laisse, il y a un phénomène connu derrière, le réflexe d’opposition et une habitude qui est prise par le duo humain / chien. C’est le cas le plus facile, il suffit de mettre en place un apprentissage, mais ce n’est pas le seul cas possible. Un chien peut tirer en laisse parce qu’il a peur, il cherche à fuir la zone et tire. Il peut tirer en laisse parce qu’il a besoin de se défouler et que c’est une manière de gérer son énergie. On va s’arrêter là, mais je pense que vous avez compris l’idée : un comportement est produit par diverses causes qui parfois s’additionnent entre elles.

Si j’applique la méthode « je m’arrête quand le chien tire et je redémarre quand il cesse » à un chien qui ne sait simplement pas marcher en laisse, j’ai plutôt de bonnes chances que ça fonctionne. Maintenant si je l’applique à un chien qui tracte parce qu’il est en train de fuir, je vais le bloquer dans sa fuite et ça, c’est vraiment une mauvaise idée. Il ne peut pas se maîtriser, il risque de paniquer d’autant plus, d’essayer de se dégager ou encore il va se résigner … ce qui n’est pas une bonne chose du tout. Avec un chien explosif qui a besoin de se défouler ou encore qui ne parvient pas à gérer son excitation, il peut reculer et se jeter en avant, chercher à faire demi-tour ou même partir en toc et creuser le sol, ce sont des comportements que j’ai eu l’occasion d’observer. Et si vous vous posez la question, le sol en question, c’était du béton … ce qui m’a d’autant plus vite alerté sur le problème.

Ça ne veut pas dire que la méthode n’est pas bonne. Ça veut dire qu’elle n’est pas adaptée à certaines situations. A chaque fois qu’on applique une méthode, il faut d’abord réfléchir à ce qui cause le comportement puis observer le résultat pour s’adapter à l’individu.

Je pense que l’un des plus gros pièges vient du fait qu’on va justement appliquer des méthodes très exigeantes à des chiens qui nous posent des soucis. Un chien qui ne gère pas bien ses émotions, on va lui demander d’apprendre à les maîtriser mais est-ce qu’il peut le faire ? Est-ce qu’on a vérifié si ce chien sort et explore suffisamment ? Lui demander de se maîtriser s’il ne le peut pas ne va qu’ajouter de la frustration. Est-ce qu’on a vérifié si le chien méfiant est capable d’affronter ce que l’on voudrait ? S’il n’en est pas capable, ce que l’on va exiger à travers nos méthodes sera totalement inadapté (et très violent !).

Depuis quelques années maintenant, on parle beaucoup de calme, d’auto-contrôle, de gestion des émotions et de tout un tas de choses très exigeantes qui ne sont absolument pas adaptées à la totalité des chiens ou en tout cas, pas en première intention.

Par exemple si nous reprenons notre marche en laisse, le chien qui a peur ou qui est méfiant, il faudra d’abord s’occuper de cette angoisse. Le chien qui ne se maîtrise pas, qui a besoin de se défouler, qui ne gère pas ses émotions, on va pouvoir l’aider d’abord en modifiant ses activités. Attention, il ne s’agit pas forcément d’en rajouter mais souvent, de modifier nos approches. Par exemple remplacer des jeux excitants, souvent fait à tord en pensant que ça va permettre au chien de se défouler, par des jeux apaisants comme des jeux d’odorats. On va faire des choses qui vont aider le chien à se maîtriser et on va plutôt choisir des méthodes où le chien peut faire très volontairement ce que l’on désire. Ce sera plus facile pour lui au moins dans un premier temps.

Mais pour tout ça, il faut vraiment parvenir à prendre du recul sur ce que l’on fait. Il s’agit de se rendre compte des points de difficultés que ça peut poser au chien et de s’adapter à la situation toute entière. Souvent, on peut combiner des choses et trouver peins de petits axes pour aider le duo car si le chien peut être en trop grande difficulté, ce n’est pas le seul. On peut mettre un humain en difficulté en lui proposant une méthode inadaptée qu’il ne parviendra pas à faire correctement. Il existe des méthodes superbes demandant un timing de fou qui vont mettre l’humain dans une situation où il risque d’abandonner …

Et là, les plus pointus d’entre nous se sont peut-être dit que c’était évident pour les méthodes où l’on punit en retirant au chien ce qu’il désire (punition négative). Par exemple, la méthode où l’on s’arrête quand le chien tire, en réalité on retire le fait d’avancer lorsque le chien a un mauvais comportement afin de le punir. Effectivement, c’est sans doute au sein de ces punitions que nous trouvons le plus de soucis mais pas uniquement. Prenons un autre exemple, on récompense le chien qui fait dehors pour lui apprendre à être propre. Ici, pas de frustration, pas de soucis apparents et pourtant cette méthode n’est pas adaptée à tous les chiens.

A qui cela pourrait poser problèmes ? Et bien à un chien très facilement distrait, qui s’arrêtera de faire dès que la félicitation retentira … et qui pourrait ainsi rentrer avec la vessie pleine. Ce n’est pas très grave, mais ça reste ennuyeux. Une autre situation très courante malheureusement notamment au sein de la protection animale est de se retrouver face à des chiens qui se cachent pour faire leurs besoins. Comme ils essaient de se cacher, les observer et les féliciter, c’est quelque chose qui est très difficile pour eux. Ils peuvent s’arrêter de faire et fuir. En fait, l’attention qu’on essaye de leur donner est vécu comme une punition …

Même la plus anodine des méthodes n’est pas parfaite et doit être adaptée. Alors je vous souhaite de bonnes réflexions, de bonnes observations et n’hésitez pas en cas de doute à tout poser sur papier et à essayer de voir les autres possibilités. Il y en a toujours un sacré paquet et parfois, ces autres pistes peuvent être beaucoup plus adaptées à vos soucis.