Beaucoup de chiens ne sont jamais, strictement jamais, promenés de leur vie et ils n’en meurent pas. En effet, la promenade n’est pas un besoin vital, contrairement au fait de boire ou de manger par exemple. Néanmoins, garder son chien en vie ne devrait pas être le seul et unique but à poursuivre. Un but un peu plus éthique est d’avoir un chien bien dans ses patounes et c’est à ce moment-là que la promenade prend tout son sens.
Alors bien-sûr, arrivé à ce stade-là, je pourrais tout simplement vous expliquer à quel point il est important de promener son chien pour le rendre heureux et fin de l’histoire. Seulement, je pense qu’il y a plus intéressant à développer. Il y a des situations où il est plus éthique de ne pas promener son chien. Prenons un exemple concret, un chien vient d’être adopté. Il est particulièrement apathique, il ne réagit pas à grand-chose tellement tout lui fait peur ou au contraire, il montre sa peur qui est totalement envahissante. La maison, l’intérieur de la maison, le jardin, la laisse, le collier ou le harnais, l’extérieur … Tout est trop pour lui. Ce chien a peut-être vécu au fin fond d’un jardin, accroché à une chaîne courte. Ce chien a peut-être vécu dans un très gros élevage et n’a jamais quitté son parc. Ce chien … peu importe son histoire, pour lui, la promenade c’est un nouvel élément qui vient en plus, c’est un élément de trop. Dans ce cas-là, très précis, si on a un espace de jardin où le chien peut faire ses besoins, il est sans doute plus éthique de lui donner cet accès et de le laisser prendre confiance petit à petit avant d’intégrer des promenades qu’il vit mal.
Bon ce cas, c’est un cas très particulier que l’on pourrait résumer ainsi : la promenade doit permettre au chien de se sentir mieux, s’il se sent moins bien à l’issu de la promenade alors il peut être justifié de ne pas le promener. Attention, ne pas le promener pour l’instant, ce n’est pas à tout jamais ! On parle bien de reporter à plus tard les promenades, le temps de travailler ce qu’il faut pour qu’elles puissent redevenir ou devenir des moments chouettes pour le chien. C’est le temps de travailler juste assez pour qu’en rentrant de la promenade le chien soit un tout petit peu mieux au lieu d’être moins bien.
Mais il y a d’autres cas particuliers où l’on peut se retrouver à ne pas promener son chien. Je pense notamment aux problèmes de santé, alors si c’est l’humain qui a un problème de santé et que ça lui est accessible, il existe des professionnels qui viennent promener vos chiens. C’est possible, ça existe. Mais parfois, c’est le chien qui est en mauvaise santé et là, le vétérinaire peut même intervenir pour vous déconseiller fortement les promenades.
Nous avons vu dans
un précédent article que les promenades, aussi variées soient-elles, ont un point commun important : elles permettent de répondre aux besoins du chien. Les besoins exploratoires, les besoins de dépense énergétique, les besoins de dépense intellectuelle, les besoins purement physiques tel que déféquer et uriner mais également les besoins de contacts sociaux. Les promenades peuvent vraiment nous faciliter la vie sur ces sujets là, mais nous pourrions aussi voir les choses autrement.
Nous avons une liste de besoins, si nous devions représenter ça, on pourrait imaginer que chaque chien a des jauges pour ses besoins et qu’il faut les remplir chaque jour. Et il n’y a pas réellement une jauge « promenade », on peut notamment l’observer avec cette situation : un chien nordique vit avec d’autres chiens et des humains nomades qui se déplacent régulièrement d’un campement à l’autre. Il est en liberté la majorité du temps, il peut aller chasser pour se nourrir. Il revient le soir pour être au chaud. C’est comme ça qu’il vit. Techniquement, ce chien n’a jamais connu ce que nous appelons « balade ». L’humain ne décide jamais d’où il va aller. Il n’y a jamais ni horaire, ni trajet, ni laisse, ni réflexion autour de ses besoins d’ailleurs. Et d’un point de vue technique, ce chien pourrait ne jamais sortir de la zone occupée par ses humains. Néanmoins, au petit soir, les jauges de ce chien sont pleinement remplies. Autre exemple, plus contemporain, une palefrenière emmène son chien aux écuries où il fait strictement ce qu’il veut. Il vit, tout simplement. Parfois il suit les cavaliers, parfois il reste avec elle. Peu importe, le soir, ses jauges sont totalement remplies et il ne connait pas davantage ce que nous appelons « promenade ».
La promenade est simplement la manière la plus logique et saine de remplir ces jauges dans la très grande majorité des cas, c’est pour ça que je vous encourage à promener vos chiens.
Si pour une raison ou une autre ce n’est pas possible, alors on peut observer le chien à travers cette idée : ses besoins sont comme des jauges à combler et on peut trouver pleins de manières différentes de gérer les choses.
Pour les besoins exploratoires : il existe pleins de jeux autour de l’odorat (
tels que les sprinkles) qui peuvent vraiment combler une partie des besoins exploratoires. Il faut penser à varier les jeux, à varier les objets et à offrir de vraies séances de découverte. Un exemple, j’ai reçu un colis peu avant d’écrire cet article, j’ai laissé le carton vide au sol, il a été proprement reniflé, mes chiens ont posés les pattes dessus, ils sont rentrés dedans, ils ont complètement découvert cet objet précis. Ce n’est pas le premier carton qui passe à la maison, mais ce carton portait sans doute des dizaines et des dizaines d’odeurs retraçant son parcours, des mains du livreur, à l’intérieur de son véhicule, etc. A l’intérieur du carton, il y avait sans doute des odeurs du lieu d'origine de mes paquets, etc. Pour remplir ce besoin exploratoire, on peut faire fonctionner le nez du chien, mais il faut également de la nouveauté.
Pour les besoins de dépense physique : la dépense physique suppose de bouger, mais si on regarde du côté de l’humain, on trouve plein de stratégies pour se dépenser sans prendre beaucoup de place. Il existe par exemple des salles de sport. Du côté du chien, certaines choses s’approchent de ça comme la proprioception où il y a un aspect découverte (ce qui est top pour les besoins exploratoires), mais également un apprentissage autour de comment bouger ou encore une approche de la musculation.
Pour les besoins de dépense mentale : le besoin de réfléchir peut se combler partiellement avec l’exploration et certaines approches de la dépense physique comme la proprioception, mais le plus simple est encore de proposer des apprentissages. Si vous n’aimez pas les « tours qui ne servent à rien », il y a tout le grand domaine de la préparation aux soins (medical training) qui permet de faire de multiples apprentissages avec des buts tout à fait louables et éthiques. Nous pourrions aussi partir dans de la préparation de sports divers et variés.
Pour les besoins de contact sociaux : à partir de là, ça va se corser. Faire une rencontre chez soi, c’est peu évident. Peut-être avez-vous plusieurs chiens alors les besoins de contact sociaux se rempliront tant bien que mal entre eux. Si vous n’avez qu’un seul et unique chien, il faudra vraiment considérez que ce besoin est malmené par l’absence de promenade ! Petit rappel pour les chiens « non sociaux » : voir un congénère, même de loin, c’est mieux que rien.
Pour les besoins physiques (uriner et déféquer) : et enfin, nous avons ces besoins tout bêtes d’uriner et de déféquer, un petit coin de jardin peut suffire à cet effet.
Ce ne sont que quelques pistes, mais on peut en trouver bien d’autres dans un domaine précis où les animaux vivent également en captivité, comme nos chiens : les parcs, les zoos, les réserves, … L’animal sauvage vit alors dans un enclos plus ou moins grand mais néanmoins : un espace défini, si cet espace ne suffit pas à remplir les besoins divers et variés, les personnes qui gèrent l’endroit peuvent alors faire ce que l’on appelle de l’enrichissement d’environnement. On pense souvent aux jeux avec de la nourriture, mais ce n’est pas que ça. Pour nos chiens, il pourrait s’agir d’installer un promontoire pour observer depuis la fenêtre. Il peut s’agir d’un nouveau lieu de couchage. Cela peut prendre des formes très variées … avec un peu d’imaginations.
Pour finir, j’aimerais revenir là-dessus : promener son chien est très important … Mais tout ce que l’on vient de voir sur les besoins et comment les combler, ça s’adresse autant aux chiens qui se promènent chaque jour qu’aux autres. On peut tout à fait cumuler les approches pour offrir davantage d’occasions de combler leurs besoins à nos chiens. Alors, soyons bienveillant, malin et imaginatif ! Oh et puis … bonnes balades ;)