Lorsque vous vous promenez avec votre chien et que vous avancez, votre vitesse, votre mouvement, vers où vous allez, cela a une incidence. Simplement en gérant votre propre mouvement vous appliquez des dynamiques de balades différentes et orientez votre chien sur différentes activités.
Au-delà de vos mots, de vos intonations et de tous les codes que vous allez mettre en place, le mouvement est une donnée vraiment très intéressante et qui n’a pas besoin d’apprentissage. Si a l’issu de cet article vous décidez de faire le test, vous pourrez immédiatement observer comment votre chien réagit à vos changements de rythmes, à vos déplacements variés, … Mais d’abord, creusons un peu.
Dans le cadre d’une balade en tête à tête …
Pour cette première partie, j’aimerais parler des balades qui sont sans doute les plus fréquentes. Une personne et un chien se promènent ensemble. L’humain avance, le chien aussi qu’il soit en laisse, en longe ou en liberté. En fonction de votre rythme, vous allez pouvoir encourager certaines activités. Par exemple, si vous ralentissez quand votre chien renifle, vous allez pouvoir l’encourager à fouiller, à prendre le temps de vérifier les odeurs. Vous pouvez même choisir de vous arrêter complètement le temps qu’il finisse de prendre les informations voulues. Ce type d’activité permet une balade très saine où le chien se fatiguera à travers l’exploration. Si votre chien a tendance à courir dans tout les sens, accélérer le mouvement (même involontairement) quand il renifle le relancera dans d’autres activités. Ralentir, l’aidera à choisir cette activité.
Ce n’est qu’un petit exemple, parce qu’en duo, votre rythme a une action assez limitée. Vous pouvez aider votre chien à ralentir ou à accélérer. Si vous savez qu’il n’aime pas passer cet angle parce que cela suppose qu’on se rapproche de la maison, vous pouvez vous mettre à courir un peu avant et lancer un jeu pour que l’angle problématique passe comme si de rien n’était, sans qu’il n’y pense.
En fonction de vos trajectoires, de vos demi-tours, vous pouvez travailler la marche au pied, le rappel, le suivi naturel et tout un tas de choses mais pour comprendre réellement ce qui se met en place, il n’y a qu’une seule règle : observez votre chien et faites des tests à petites doses. Essayez d’accélérer un peu, de ralentir et observez ce que cela provoque. J’ajouterai juste ceci n’oubliez pas l’intérêt qu’il y a derrière les promenades. S’émerveiller en se rendant compte à quel point on peut être un binôme, c’est génial, mais ensuite, utilisez vos observations à bon escient pour aider vos loulous à profiter des balades au maximum. Elles permettent surtout de répondre aux besoins exploratoires qui sont difficiles à combler autrement, alors profitez-en au maximum.
Dans le cadre d’une rencontre avec un futur copain …
Alors vous avez peut-être déjà lu ce conseil : faites vos rencontres en mouvements. Mais pourquoi le conseille-t-on ? Il est plus intéressant de permettre à des chiens de se rencontrer pour la première fois en promenade, en marchant, que sur un terrain clos, immobile. Pour mieux comprendre ce qu’il se passe, il va falloir prendre beaucoup de choses différentes en compte.
En premier lieu, nous avons vu
dans un article précédent que le chien avait des distances de confort. Autrement dit, lors d’une rencontre, chaque chien a une distance minimale à laquelle il va vouloir se tenir. Si l’autre est trop près, il sera mal à l’aise et cherchera à s’éloigner. Si l’autre est assez loin, il pourra essayer de s’approcher. Sur un terrain clos, il y a une distance maximum à laquelle s’éloigner et si l’autre s’approche, le chien peut être bloqué dans un coin et mal réagir.
Nous avons le même problème en laisse, si on ne fait pas attention et qu’on n’observe pas assez son chien. Par contre, en liberté, les chiens peuvent gérer les distances et cette problématique disparaît.
En balade, il y a également un autre point très important : les activités annexes. Si lors de la rencontre, on met du mouvement de façon assez modérée, en avant normalement sans chercher à courir, les chiens vont alors croiser des centaines d’odeurs et des points d’intérêt différents. Ils ne seront pas entièrement concentrés sur la rencontre et cela permet de calmer beaucoup de tension potentielle. Par exemple, si l’autre chien ne répond pas à l’appel au jeu, ce n’est pas grave ou c’est moins grave parce qu’il y a tout le reste à faire … Donc il y a moins de raisons que ce soit frustrant et que cela amène un chien à insister.
Le mouvement, aussi anecdotique soit il permet de limiter grandement les problèmes. Mais du coup, quand on propose de faire une rencontre en promenade, il faut vraiment que la rencontre se fasse dans le mouvement. Faites marcher les chiens dès le début, dans le même sens, pour qu’ils se retrouvent ensemble sans même y faire particulièrement attention. Ils seront alors tout les deux dans de meilleures dispositions. S’il y a des tensions, on peut tout à fait marcher comme ça un moment en laisse, assez écarté les uns des autres pour respecter les distances de confort le temps que le climat s’apaise et qu’on puisse aller plus loin dans la rencontre : toujours en avançant tranquillement. Attention, quand je parle de mouvement ça ne veut pas dire qu’il faut courir. La rencontre s’effectue dans le calme, pas dans la course ! ;)
Dans le cadre d’une balade collective …
Et maintenant, venons-en au cadre le plus intéressant car il est aussi le plus complexe. Dans le cadre du « tête à tête », il n’y a que deux mouvements, deux rythmes, deux directions à prendre en compte. Une pour l’humain. L’autre pour le chien. Lors d’une première rencontre, il n’y potentiellement que deux chiens et autant d’humains, marchant dans le même sens. Et à présent, avec le cadre des balades collectives nous pouvons exploser tous les records.
Voici une petite vidéo (sans présentation de sujet) de la plus grande promenade à laquelle j’ai eu l’occasion de participer. Il y avait 21 chiens.
Comme vous pouvez le voir sur la vidéo, 21 chiens cela suppose beaucoup de rythmes, de mouvements et des trajectoires différentes. 21 chiens cela suppose aussi pas mal d’humain avec leurs rythmes, leurs mouvements, leurs trajectoires propres. Et c’est justement dans cette situation que bien comprendre ce que l’on peut faire va changer énormément de choses.
Avant d’aller plus loin : je ne vous encourage pas à faire des promenades avec autant de chiens, ici, les chiens se connaissent majoritairement (parce qu’ils se sont rencontrés dans des balades collectives plus réduites) et ils ont été sélectionnés, des chiens ont été refusés pour cette promenade. Il y a beaucoup de conditions pour une balade de ce genre (lieu, humains présents, …) et beaucoup de risques de dérapage. Je vais continuer avec cet exemple extrême surtout pour montrer les différents points.
La promenade commence par « arriver sur le parking » … A ce moment-là, côté mouvement : c’est l’immobilité et donc, un risque que les rencontres se passent mal. Certaines balades s’organisent ainsi : chacun attend avec son chien et va à la rencontre des autres. Les chiens subissent alors de multiples rencontres en étant en laisse et immobiles, ce qui est particulièrement difficile et ce qui peut provoquer beaucoup de tensions. Pour éviter ça, nous avons tendance à faire autrement. Les chiens attendent en voiture et nous nous réunissions entre humains. Là on rappelle les consignes (exemple : pas de jet de bâton, ne pas s’approcher de tel chien, …), on voit par où on part et dans quel ordre. Ainsi, les chiens sortent des voitures et sont immédiatement mis dans le mouvement, certains chiens sont mis au fond, d’autres devant pour éviter qu’ils se rencontrent dans ce moment de tension.
Et là, tous les humains avancent ensemble, dans le même sens, mais vous savez bien qu’une balade collective avec beaucoup de personnes c’est comme n’importe quel groupe. Certains avancent vite. D’autres avancent lentement. Le groupe s’étiole et c’est une bonne chose en soit, car une fois lâché, le groupe de chien sera moins compacté ce qui aide également pour éviter les tensions. Un groupe de chiens rapides, qui vont aller à un rythme soutenu, potentiellement en courant de partout sera d’autant plus évitable ainsi.
Donc on avance, on avance, on avance … C’est un peu le point le plus important, mais on a tous tendance à faire des arrêts que ce soit pour se repérer et changer de chemin ou pour une baignade ou pour une séance photo … Alors, je n’encouragerai pas le fait de rajouter des choses pour amener du jeu et surtout du jeu avec les humains immobiles. Au plus il y a de chiens, au plus il y a des risques de dérapages. Mais si on fait des pauses, par exemple, une pause très importante : la pause boisson. On sort les gamelles d’eau, il y a des risques de protection de ressource et nous sommes immobiles. Pour cette pause, il est intéressant de laisser le groupe se disperser un peu. Prenez de la place, éloignez-vous, prévenez les autres en cas de doute pour éviter que d’autres chiens ne s’approchent et si besoin : repartez en avance, au ralenti, ce sera toujours mieux qu’attendre immobile que les esprits s’échauffent.
Nous évitons énormément de problèmes en promenade juste avec cette règle : si la pause s’éternise, on remet du mouvement. On bouge ! On s’en va. On n’attend pas, contemplatif que le problème arrive. On propose au chien de venir. Et simplement avec ce mouvement, le problème disparaît. Attention, à contrario, mettre trop de mouvement (courir, sauter, lancer les jeux, …) peut poser problèmes. Simplement avancer d’un bon pas pour relancer le mouvement après une immobilité ou tranquillement le reste de la promenade, c’est largement suffisant.
Pour conclure …
Nous ne promenons pas nos chiens. Nos chiens ne nous promènent pas. Nous nous promenons ensemble et toute cette histoire autour d’apprendre à ralentir, à relancer le mouvement, à faire attention aux pauses, … Tout ça permet vraiment de voir qu’on est partie prenante de la promenade, nous ne sommes pas des spectateurs mais de véritables acteurs des promenades car nous nous promenons ensemble.
Faites attention à vos loulous et surtout, observez, observez l’effet d’un ralentissement, d’une accélération, d’un changement de rythme, d’un changement de trajectoire, … Observez chaque détail et essayez de voir ce que cela provoque. L’observation ne pourra que vous aider à comprendre et à réagir plus intelligemment.