Les croisements c’est un sujet particulièrement complexe derrière lequel se cache plein de notions différentes. Je vais essayer de l’aborder selon différents angles et approches, certains pouvant se montrer purement contradictoires mais j’essaierai de vous expliquer, dans la mesure de mes moyens, leurs intérêts.
Les croisements canins naturels
Vous trouverez parfois des mentions de « politesse canine ». Ce sont des façons de faire qui ont tendance à apaiser les situations et à limiter les risques de conflits. Il est tout à fait conseillé à l’humain de suivre cette « politesse canine » pour se faire comprendre correctement.
Quand deux chiens doivent se croiser, s’ils sont tout les deux parfaitement codés et pas très à l’aise, on va observer un croisement très particulier. Face à face, les chiens vont se déporter et arrondir leurs trajectoires pour arriver sur le côté de l’autre chien. Cette approche de côté est l’approche « polie ». Elle peut amener au contact ou tout simplement permettre aux chiens de s’éviter assez largement. A contrario, l’approche « impolie » est d’avancer tout droit sur l’autre. C’est une approche qui peut mettre l’autre chien en garde.
Généralement, les humains ont tendance à garder une trajectoire tout à fait droite pour effectuer les croisements, ce qui correspond donc à notre trajectoire « impolie ».
Note : quand on effectue un rappel, on peut parfois observer la trajectoire que notre chien préfère. Si nous nous tenons droit, il aura souvent tendance à se déporter pour arriver sur le côté. Si au contraire nous nous tenons sur le côté, il pourra arriver en ligne droit.
Les croisements et les zones de confort
Une manière de comprendre pourquoi le chien se déporte est la représentation des zones de confort. Très rapidement, il s’agit d’une distance à laquelle le chien est parfaitement à l’aise, puis d’une distance où il commence à réfléchir à ce qu’il faut faire parce que la situation provoque un malaise et enfin, d’une distance où la réaction devient immédiate.
Prenons un exemple humain pour illustrer ça. Vous allez au cinéma. Le cinéma est vide, la séance est vide. Là une personne s’assoit à quelques sièges de vous à peine. Si vous êtes parfaitement à l’aise avec ça, vous n’allez pas bouger. La personne se trouve dans votre zone verte. Maintenant imaginons que cette personne ait une bouteille d’alcool à la main et qu’elle soit ivre morte. Elle tient des propos injurieux haut-et-fort. Il est fort possible que face à cette personne, vous choisissiez de vous décaler au grand minimum. Le temps d’hésitation et d’observation, c’est ce qui caractérise notre zone orange. Vous allez l’observer, voir exactement ce que ça donne et finalement, vous décaler pour la remettre dans une zone verte ou estimer que c’est ok.
Troisième situation, cette personne totalement bourrée s’approche et se vautre sur vos genoux où elle a l’air d’avoir décidé de rester. A moins que vous ne la connaissiez, il est très fort probable que vous réagissiez immédiatement et peut-être très mal. C’est notre zone rouge.
Ces zones se définissent autour de grands concepts. Une zone pour « tout va bien ». Une zone pour « l’évaluation de la situation » et une zone pour la « survie ». Tous les individus peuvent être représentés avec ces zones, néanmoins en fonction des apprentissages, des personnalités, des éléments auxquels on fait face, les zones sont plus ou moins importantes. Ainsi si nous reprenons le contexte du cinéma, une personne totalement phobique des autres humains ayant fait l’effort de sortir verra n’importe qui comme étant une personne de trop.
Il y a pleins de choses différentes qui viennent modifier ces distances de confort. Par exemple si la salle n’est pas vide mais au contraire bondée, que quelqu’un s’assoit à côté de nous semble normal. Ce n’est plus une forme d’agression de « notre espace ».
Les chiens, les hamsters, les chats, les chevaux, les humains .. on peut observer ces notions un peu de partout, mais concrètement chez les chiens cela peut se voir avec les rappels et les croisements. En forçant de croisement en ligne droite ou en forçant son chien à l’immobilité pendant un croisement, l’autre individu peut rentrer dans sa zone verte (ce qui n’est pas un soucis) mais également dans sa zone orange (ce qui devient un peu plus problématique) et parfois même dans sa zone rouge (ce qui est un véritable problème).
Les croisements : immobile VS en mouvement
Concrètement, quand nous croisons nous avons deux choix, que nous nous écartions ou non : s’arrêter et rester immobile le temps du croisement ou croiser en mouvement en continuant à marcher. On a parfois l’idée qu’un chien immobile est plus calme, plus posé qu’un chien en mouvement, mais en réalité, s’asseoir et laisser le croisement se passer est particulièrement difficile. Si votre chien a des difficultés avec les croisements, le fait d’être immobile est une mauvaise idée même si parfois, simplement pour le tenir, on peut ne pas avoir d’autres solutions.
Comme nous avons vu, il y a la question de la zone de confort, en marchant, le chien pourra essayer d’arrondir l’approche ou au moins de s’éloigner s’il se sent mal à l’aise. En restant immobile, il faudra qu’il accepte que l’objet du croisement s’approche. Autre problématique, en restant immobile, il faut que le chien ait une bonne maîtrise de ses émotions et qu’il soit suffisamment calme.
Nous pourrions donc dire que les croisements en mouvement sont les croisements les plus faciles pour les chiens même s’ils peuvent être compliqués pour l’humain. A contrario, les croisements immobiles sont rassurants pour l’humain, mais difficile pour les chiens.
Les croisements et le respect d’autrui
Croiser d’autres personnes, d’autres chiens, d’autres animaux, ça peut arriver plus ou moins fréquemment. Pour que les choses se passent bien pour tout le monde, il vaut mieux rappeler son chien et le mettre « sous contrôle » que ce soit en le tenant en laisse ou en le gardant autour de soit en fonction de l’éducation et de ses capacités propres.
Même si son chien est le plus adorable du monde, les personnes en face ont le droit d’avoir peur, elles ont le droit d’avoir des réticences à être approchées, si elles ont des chiens, ces chiens peuvent être en train d’apprendre, s’il y a d’autres animaux tels que des chevaux, ils peuvent mal réagir.
Donc : rappeler son chien est le minimum et si on désire un contact quelconque, on peut simplement le demander afin de s’assurer du consentement des autres personnes.
Les croisements en balade collective
Une balade collective ça peut être très impressionnant et c’est pour ça qu’il faut faire d’autant plus attention lors des croisements afin de n’affoler personne. Les règles sont très similaires, mais parmi les petites choses qui peuvent venir changer la donne, notons qu’il est parfois tentant pour un chien de suivre un autre chien, le rappel peut alors s’en retrouver faciliter ou au contraire, il peut être d’autant plus difficile.
Les balades collectives peuvent demander une bonne compréhension des chiens présents. N’hésitez pas à signaler aux autres personnes de la promenade si vous avez repéré un cueilleur de champignon, un vététiste, un promeneur ou tout autre individu. Ainsi vous pourrez pallier à des problèmes éventuels en effectuant les rappels assez tôt pour que les croisements se passent « sous contrôles ».
Les croisements difficiles
Enfin ajoutons un mot concernant notamment les chiens dits réactifs, qu’ils réagissent par peur, par joie ou peu importe … Parlons des chiens qui ne parviennent pas à rester calme lors des croisements. En plus d’un apprentissage purement technique qui peut s’effectuer autour d’une
association positive ou d’un apprentissage du calme ou … Donc en plus d’un apprentissage particulier qui s’intéressera réellement aux causes de votre soucis, il est intéressant de faire particulièrement attention aux distances. Lors de votre promenade n’hésitez pas à repérer au fur et à mesure vos différents lieux de replis potentiels pour pouvoir vous écarter assez pour effectuer un croisement en mouvement ou vous enfoncez suffisamment loin dans votre zone de replis pour que votre chien puisse gérer le croisement alors qu’il se tient immobile.
Notre règle de base sur la distance et la « politesse canine » s’applique tout à fait dans ce type de situation mais de manière totalement exacerbée.