Quand un chien a peur, nous sommes toujours tenté…
Quand un chien a peur, nous sommes toujours tentés de lui montrer le truc inquiétant. En fonction de la méthode employée et de l’état émotionnel du chien, cela peut être une bonne idée. Mais pas toujours (soyez prudent et laissez le chien s’éloigner s’il le désire ;) ). Lorsqu’un chien réagit, cherche à poursuivre, à attaquer, à immobiliser, nous nous retrouvons dans une situation similaire dans un certain sens. Comment lui montrer ce qui le fait réagir tout en améliorant la situation ? Comment faire pour qu’il soit assez calme pour que l’on puisse interagir (récompenser son bon comportement, l’encourager sur cette bonne voie, …) ? Par quoi commencer ?

Aujourd’hui, je vais parler d’un cas très particulier mais que l’on peut adapter à différents états émotionnels extrêmes. Il s’agit du moment où l’on ne sait plus par quoi commencer parce que la moindre vision rend le chien « hystérique ». Parfois, il n’y a même plus besoin de voir l’élément en question, juste les signes avant-coureurs mettent le chien dans cet état. Alors comment faire ?

Ce qui est intéressant avec cette question, c’est que même si on ne se trouve pas dans cette situation, on peut trouver des pistes qui vont nous aider dans des cas moins extrêmes. L’une de ces pistes est de diviser ce qui fait réagir. Alors bien-sûr, ce n’est pas toujours possible, par exemple si le chien réagit à la pression atmosphérique accompagnant un orage, comment diviser ça ? Mais dans bien des cas, cet outil est particulièrement intéressant. Une autre piste serait d’atténuer ce qui fait réagir.

Prenons un exemple, en tant qu’humain, vous avez peut-être peur des clowns brandissant des couteaux. Je m’excuse d’avance pour les personnes qui ont peur des clowns, cet article va être douloureux. Donc sans couteau, un clown peut faire peur. La première étape est néanmoins là, nous pouvons diviser l’élément en deux : le clown + le couteau, voir en trois : le clown + le couteau + le geste de brandir.

Diviser la peur clown chien

On va séparer ça en différents éléments que l’on va travailler séparément. Chaque élément peut se réduire encore et encore, on peut l’atténuer, par exemple mon couteau peut passer de l’immense couteau de boucher au petit couteau en plastique, totalement mou qui ne permet pas de couper. Le clown peut passer de l’humain totalement maquillé à un humain portant un point rouge sur le bout du nez voir à une image de cela, une représentation ou pourquoi pas, un cheval ayant un point rouge sur la tête ... Ici, on change le contexte de manière à travailler ce point rouge de la façon la plus isolée possible. L’important c’est de trouver un point de départ. Le point rouge peut s’éclaircir et se déplacer sur le visage. On peut également le déformer pour le faire devenir une trace de rouge à lèvre par exemple. Nous sommes finalement très libres dans notre approche puisqu’on peut faire varier chaque détail à volonté.

Attenuer la peur clown chien

Si nous voulons travailler sur l’émotion au lieu d’essayer de montrer un clown brandissant un couteau, nous allons d’un côté travailler sur un couteau mou et de l’autre sur une image de clown avec un point rouge sur le nez. Nous pouvons également débuter un geste de brandir en brandissant des friandises, avec un geste mou contenant peu d’amplitude. Nous rassemblerons les éléments les plus faibles lorsque ce sera « facile ».

Alors concrètement comment diviser la peur (par exemple) d’un autre animal comme d’un cheval ? Nous pouvons séparer l’odeur (crin, crottin, …), les mouvements (chercher un animal « proche » qui ne fait pas réagir : mouton, vache, chèvre, …), les bruits (claquements des sabots, hennissements, …), les autres éléments annonçant la présence de cheval (clôture, selle, cavalier, bombe, …). Chaque petit élément va être une porte d’entrée pour commencer à travailler. Nous pouvons également travailler à diminuer les éléments, par exemple en cherchant un poney (diminution de la taille), très peu remuant (diminution des mouvements), qui se tiendra loin (diminution de l’intensité), …

Comment diviser la peur clown chien
 
Lorsque vous faites face à une situation difficile, il est intéressant d’observer ce qui fait réagir son chien afin de pouvoir l’atténuer ou encore le diviser pour que ce soit plus facile. Les bruits peuvent être proposés dans l’environnement à travers des CDs ou autres supports de pistes audio que l’on va lancer avec un volume particulièrement bas. Idéalement, ça ne doit pas faire réagir le chien. On augmentera très progressivement le volume, au fil des semaines et le but est toujours le même : le chien doit rester calme. Les odeurs peuvent être ramenées de loin … Tout ça, c’est surtout de la malice et de l’adaptation.

Et après ? Une fois que le chien est calme face à l’élément, même si c’est un tout petit élément isolé (une odeur par exemple) et atténué (très légère), on va petit à petit l’intensifier. Attention : il ne faut pas l’angoisser. Ça se fait dans le calme. Par exemple, le point rouge devient un nez rouge clairement définissable. Si ce nez rouge est totalement validé, qu’il ne provoque plus d’émotions vives, alors, dans un second temps, on va le diminuer de nouveau pour le combiner à un autre petit élément afin de commencer à les regrouper. Par exemple, quand on est à l’aise avec le nez rouge et avec la perruque hirsute et colorée, nous allons atténuer les deux éléments afin de les combiner. Cela peut revenir à un point rouge sur le nez et une teinture relativement naturelle. Une fois que nous pouvons les rassembler sereinement, nous allons pouvoir les rendre de plus en plus fort ensemble. Puis à nouveau, nous les atténuerons pour inclure le petit élément suivant jusqu’à avoir la totalité des éléments. C’est un travail minutieux qui demande de la patience, mais ça peut être une solution viable dans des situations compliquées.

Pour finir, précisons une chose. Trouver les portes d’entrées, comprendre comment atténuer un problème, trouver des pistes de travail, trouver des méthodes adaptées à une situation précise, c’est exactement à ça que doivent servir les bons professionnels du milieu canin que ce soit des éducateurs ou des comportementalistes. Alors si vous êtes en galère, ne prenez pas de risques pour vos chiens faites vous aider par des personnes bienveillantes et compétentes ! Les émotions c’est un sujet particulièrement délicat à traiter :)