De plus en plus de personnes intègrent la cage assez tôt en prévision de potentielles destructions, pour mettre le chiot en "sécurité" ou encore pour l’empêcher de détruire alors qu’il le faisait. Nous avons déjà abordé un certain nombre de point concernant la cage au sein de
ce précédent article. Ici, nous allons répondre à une autre problématique : vous voulez vous passez de la cage, mais votre chien se (re)met à détruire.
Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut comprendre deux choses.
1 / Derrière un comportement, il y a une cause. Pour supprimer un comportement, il faut donc supprimer sa cause ou par exemple, lui trouver une autre façon de s’exprimer.
Prenons un exemple : Le chien a faim. Il ouvre le frigo et mange.
Solution 1 : supprimer "la faim" en le nourrissant avant de le laisser seul.
Solution 2 : modifier la façon dont son comportement s’exprime en lui laissant de la nourriture en libre-service lorsqu’il est seul.
Donc si on choisit de cadenasser le frigo (ce qui bloque une possibilité), on ne règle pas le problème le chien a toujours faim et cherchera une autre façon de régler cela. Le fait de cadenasser le frigo ne sera une solution que si la cause est résolue mais que le chien continue d’ouvrir le frigo par habitude. Ca fait des mois qu’il le fait, ça l’occupe pas mal, au moindre sursaut d’ennui, il ouvre le frigo ...
2 / La cage enferme le problème. Elle ne le règle pas, elle n’en a pas les moyens. Sa seule action est de bloquer. Donc quand on la ré-ouvre... le problème resurgit dans la majorité des cas.
Alors bien-sûr, la majorité des cas, ça ne veut pas dire : "tout le temps". Prenons des exemples où le problème ne resurgira pas.
Exemple 1 : Le chiot pose les dents de partout parce qu’à son âge, il fait de l’exploration orale (à travers sa gueule il va aller aux contacts des textures, des goûts, ...). On l’enferme dans une cage. Quand il est adulte, on ouvre la cage et miracle : plus de destruction. La cause était ici l’âge du chiot, en attendant assez, elle s’est supprimée d’elle-même.
Exemple 2 : Le chien détruisait pour se défouler. On l’a mis en cage mais à côté de ça, pour une raison où une autre, son humain s’est aussi mis au sport et ensemble, ils font des joggings ou du cani-cross, plusieurs fois par semaine. Le changement de rythme à régler la cause des destructions, sans même que l’humain ne s’en rende compte. Des mois plus tard, l’humain décide de retirer la cage et il n’y a plus de problème. Pas grâce à la cage mais grâce au sport. Si l’humain arrête le sport, le problème risque de resurgir.
Comme vous avez pu le voir dans le précédent article, nous ne sommes globalement pas pour l’utilisation de la cage, donc même dans les cas où ça marche, il existe aussi d’autres solutions, plus intéressantes à nos yeux.
Alors... comment on fait pour la retirer cette cage, mais surtout pour la retirer sans y perdre sa télé, son canapé et la moitié de la maison ?
Je vous propose d’y aller en quatre étapes :
Etape 1 : un chien bien dans ses pattes
Etape 2 : un environnement riche
Etape 3 : des tests
Etape 4 : la confiance
Etape 1 : un chien bien dans ses pattes
Idéalement, s’il y avait des destructions, il faudrait comprendre pourquoi. Les destructions peuvent avoir plein de causes différentes : l’envie d’explorer, le besoin de se défouler, la faim, l’ennui, l’angoisse... Quand on sait pourquoi, on peut s’atteler à trouver une solution parfaitement adaptée. Par exemple si le problème était l’envie d’explorer prévoir des balades variées chaque jour et des jeux autour de l’odorat a de bonnes chances de tuer le problème dans l’oeuf. Malheureusement trouver la cause ce n’est pas toujours facile.
Du coup, au lieu d’appliquer une solution précise, on va remettre les choses à plat et taper sur tout les problèmes potentiels. Un chien a besoin d’explorer et de se défouler pour se sentir bien. On va donc lui proposer des promenades dans des lieux variés, si elles sont assez longues, elles devraient pouvoir combler une partie de ses besoins. On pourra ajouter différents sports ou / et activités pour gérer en fonction de ses possibilités. Si parfois il n’est pas possible de faire une balade différente, peut-être que ce sera un bon jour pour faire un jeu d’odorat. Si la balade doit être plus courte, on pourra peut-être y intégrer quelques minutes de footing, etc, etc, etc. Il va falloir être malin et observer son chien pour essayer de définir s’il a encore des besoins urgents à combler ou pas.
Si on arrive à avoir un chien parfaitement comblé... le plus gros du travail est fait. Félicitation.
Etape 2 : un environnement riche
Dans une maison, il y a un paquet d’objet attrayant. On va donc commencer par épurer au maximum ce que l’on laisse à portée de gueule. Les objets précieux, on les cache. Les placards, si besoin, on met des protections enfant dessus. Bref, on sécurise au mieux. On peut choisir de gainer certains fils mais vu la mâchoire d’un chien, c’est rarement très efficace. Une fois ce premier travail de vide effectué, il va falloir remplir l’environnement avec des propositions d’activités pour le chien. Ces propositions doivent vous convenir autant qu’à lui.
Exemple :
- laissez à disposition des choses à ronger (bois de cerf, carotte,...)
- laissez à disposition des jouets d’occupation qui distribueront de la nourriture au compte goutte ou qui devront être lécher pour l’obtenir (kong, pipolino,...)
- laissez à disposition des jouets différents de ceux dont il a l’habitude
- choisissez des jouets différents les uns des autres en terme de matière, de texture, de taille, de forme, de bruits produits... afin d’avoir une certaine variété
- laissez la radio ou la télévision diffusant de la musique ou autre
- proposez des lieux de couchages agréables
- ...
Il va falloir être inventif et curieux, on peut imaginer des tonnes d’occupations potentielles pouvant être faites sans qu’un humain ne surveille. Si votre environnement est suffisamment rempli de centres d’intérêts pour le chien, pourquoi irait-il s’en prendre aux fils, aux meubles, etc ? Si malgré tout, il s’attaque à un objet auquel il n’était pas censé toucher, essayez de lui proposer une alternative. Peut-être que s’il ronge un meuble, c’est parce qu’il a envie de ronger du bois.
Lorsque ces étapes seront prêtes vous devriez avoir un chien qui n’a plus de besoins particuliers à exprimer dans un environnement où il peut s’éclater et exprimer une grande majorité de ses besoins. Il peut explorer ce que vous lui avez préparé, se défouler dessus, manger, dormir, se poser tranquillement et écouter les bruits, etc. A ce moment là, vous avez le combo gagnant, le problème sera bien-sûr de le garder sur la durée car avoir un chien bien dans ses pattes, ce n’est pas si facile que ça.
Etape 3 : des tests
Alors on ne va pas le jeter directement dans le grand bain, le mieux à mon sens est de reprendre l’exercice contre l’anxiété de séparation. On laisse la porte de la cage ouverte et on s’en va. Au début, on laisse quelques secondes, quelques minutes tout au plus et on revient. Puis on augmentera progressivement les durées. Le but étant que le chien comprenne que vous revenez et qu’il peut faire sa vie tranquillement.
Cet exercice pour apprendre à rester seul (ce qui permettra de travailler sur les causes liées à l’anxiété), vous permettra aussi de vous mettre en confiance. En quelques secondes, le chien n’aura pas le temps de tout ravager et si par malheur il commence à toucher à quelque chose d’imprévu, vous pourrez modifier l’environnement pour l’adapter (mettre l’objet hors de portée si possible, préparer des choses similaires & autorisées, ...). Il ne faut pas voir ces petits moments de flottement comme des échecs mais comme de l’information, des choses que vous ignorez encore sur votre chien (comme : il aime ronger le bois, il aime attraper des trucs et tirer dessus,...).
Etape 4 : la confiance
Durant l’étape 3, les absences vont être progressives mais de plus en plus longues jusqu’à plusieurs heures. L’important dans l’histoire, c’est d’arriver à faire confiance à votre chien mais aussi à tout ce que vous avez mis en place pour qu’il soit bien.
En cas d’échec, il ne faut perdre totalement confiance et revenir brutalement en arrière mais essayer de le comprendre. A travers les problèmes, c’est votre chien qui communique avec vous et qui vous raconte SES problèmes à lui.
Quand vous aurez suffisamment confiance, démonter la porte de la cage et laissez la dans un coin. S’il continue d’y aller de lui-même, laissez-lui. Certains chiens y trouvent un endroit rassurant, il n’y a pas de raison particulière de l’enlever (ce qui ne veut pas dire qu’il faut l’enfermer dedans bien-entendu). Prévoyez simplement de pouvoir remettre la porte si vous l’utilisez également comme cage de transport en voiture.
Et dans tous les cas, félicitation. La cage est excellent outil pour se faciliter la vie et comprendre qu’il vaut mieux la retirer car elle n’est peut-être pas si géniale que ça, c’est faire preuve d’une grande lucidité. J’espère que vous arriverez à la retirer facilement et sans encombre. Si jamais ça coince vraiment et que vous n’arrivez pas à gérer la situation, n’oubliez pas que des professionnels comportementalistes peuvent vous aider à mieux comprendre ce qu’il se passe afin de régler le problème durablement. Faites appel à eux !