Peut-être avez-vous parfois peur de certains chiens ? Peut-être êtes-vous juste inquiet ou peut-être que l’idée qu’un chien vous approche est une véritable phobie ? Dans tous les cas, comment faire pour que les chiens ne nous approchent pas ?
Soyez lent…
Les chiens suivent le mouvement. Si vous partez brusquement dans une direction, ils peuvent prendre ça pour une invitation à vous suivre. Cela ne veut pas dire qu’ils seront agressifs ou dangereux pour autant. Si vous désirez vraiment vous éloigner, faites-le lentement, en marchant. Vous pouvez essayer d’atteindre une porte, un portail ou votre voiture pour vous mettre à l’abri, mais faites-le tranquillement.Soyez calme…
Imaginez une seconde que vous soyez au volant d’une voiture. Dans votre rétroviseur vous voyez qu’une autre voiture approche et là, c’est la panique. Vous avez tellement peur d’avoir un accident que vous vous mettez à donner des grands coups de volant dans tout les sens tout en appuyant sur l’accélérateur. La situation devient dangereuse à cause de la panique alors qu’elle ne l’était sans doute pas à l’origine. Aussi difficile que cela puisse paraître, le calme sera votre meilleur allié pour évaluer la situation et voir comment l’éviter.
Si le chien est en laisse ou près d’une personne, n’hésitez pas à le contourner très largement, en marchant calmement pour ne pas le croiser. Ce genre de détours ne coûtent pas cher et peuvent déjà vous rassurer.
Si le chien est en liberté, observer les alentours, chercher un arbre ou un mur contre lequel vous pourriez vous mettre en cas de problème. Le but est tout simple, cet arbre, ce mur, cette voiture, ce sera votre objectif si le chien vous approche. Néanmoins, en cherchant activement (et tranquillement) cette surface plane contre laquelle vous pourrez vous appuyer, vous êtes en train de faire quelque chose de très important pour le chien. Vous lui communiquez : tu n’existes pas. Vous lui communiquez cela parce que vous n’êtes pas en train de l’observer, vous n’êtes pas focalisé sur lui. En langage canin : tu n’existes pas, ça veut dire aussi : il n’y a pas de raison de t’occuper de moi, je ne représente pas de danger ou encore ignore-moi.
Si malgré tout le chien s’approche, rejoignez votre porte de sortie (véhicule, bâtiment, …) ou votre surface plane (arbre, mur, véhicule, …). Restez calme, tout va bien, marchez tranquillement. Si jamais le chien vous contourne et vous fait face, n’hésitez pas à faire demi-tour en cherchant une autre porte de sortie. Le fait que vous ne vous occupiez pas de lui continue à lui délivrer le même message : « ignore-moi ! ». Si vous avez rejoint votre surface, coller votre ventre contre et observez la avec passion. Vous serez d’autant plus inintéressant ! Aussi inintéressant qu’un arbre ou qu’un bout de mur aux yeux du chien.Soyez bienveillant…
C’est très dur, lorsque l’on a peur, d’être bienveillant. Quelle bienveillance peut-on avoir pour la grosse araignée qui nous grimpe dessus ? Néanmoins, être bienveillant envers le chien c’est déjà penser qu’il ne nous veut pas de mal, ce qui est très souvent le cas (c’est également le cas de l’araignée !). Être bienveillant c’est aussi éviter les réponses agressives.
Crier, gesticuler, chercher à lui faire peur, ça peut marcher dans certains cas, mais si vous voulez réellement être en sécurité, ce sont des méthodes qu’il vaut mieux écarter. Rappelons-nous juste de ça, pour se battre, il faut être deux. Si vous ne voulez réellement pas vous battre, il y a peu de risque qu’un chien vous aborde et vous fasse du mal. Maintenant si vous montrez au chien que vous voulez vous battre, en criant, en l’engueulant, en le menaçant, il y a beaucoup de chances qu’il s’éloigne rapidement … parce que les chiens sont des pacifistes qui cherchent à éviter les conflits. Malheureusement, certains chiens comme certaines personnes ont appris que la meilleure des défenses, c’est l’attaque. Au lieu de fuir, ils pourraient décider de rentrer dans le conflit. Autrement dit, la violence engendre la violence, autant l’éviter.Soyez communicatif …
Alors être communicatif, ça ne veut pas dire « parler ». Ignorer le chien est une communication qui dit « ignore-moi », mais ce n’est pas la seule communication que nous pouvons employer. Nous pouvons cligner des yeux, marcher lentement, bailler, détourner le visage en plus du regard, … Tout ça, ce sont des signaux que le chien peut utiliser et donc qu’il peut facilement comprendre.
Vous pouvez tout à fait chercher à découvrir la communication canine afin d’utiliser tous les signaux qui viennent aplanir, tranquilliser, les conflits. C’est une façon saine de communiquer votre peur, votre angoisse et votre désir que le chien ne s’approche pas.
Vous pouvez également faire savoir aux autres humains autour, si jamais il y en a, que vous avez peur ou simplement demander à ce que le chien soit éloigné. Si vous le faites, parlez doucement. Vous pouvez chercher des mots simples pour exprimer votre problème à l’avance : qu’est-ce que je dirais dans cette situation ? Par exemple :
- S’il-vous-plait, pouvez-vous éloigner le chien ?
- Excusez-moi, j’ai vraiment très peur des chiens, pouvez-vous l’éloigner ?
- S’il-vous-plait, j’ai peur, rattraper votre chien.Et moi, qu’est-ce que je ferais ?
Personnellement, je n’ai pas peur des chiens ou vraiment très rarement et pour des raisons très précises. Néanmoins, avant de m’approcher, j’évalue la situation et j’essaye de me renseigner. Par exemple, je vois de temps à autre une chienne qui n’est pas toujours bien lunée et qui peut très vite s’énerver. Je préfère ne pas m’en approcher et je ne cherche pas son contact. Simplement en évitant les chiens les moins aimables et en les contournant, j’ai rarement de problèmes, mais j’interviens également dans des situations moins faciles de par mon métier. Je suis donc plus à même de fréquenter des chiens moins pacifiques que la moyenne. Mes réflexes sont toujours les mêmes si par malheur, j’arrive dans une situation délicate.
1/ je me détourne : le chien n’existe plus, il n’a donc plus de raison de poursuivre son comportement
2/ je fixe un point, au loin ou au niveau du sol : le chien n’existe toujours pas
3/ (si possible) je m’éloigne lentement : j’essaie de sortir de la zone d’action du chien
4/ je me ramollis (épaules détendues, tonus musculaire moindre … tout en faisant attention à ne pas tomber en cas de choc !) : j’essaie de montrer au chien que je ne me prépare pas au conflit au contraire
Puis je demande à ce que le chien soit éloigné par ses humains (si ce n’est pas dangereux pour eux !). A ce moment-là, je parle doucement, sans m’énerver. Le but est de tranquilliser au maximum la situation tout entière. Si jamais il n’y a pas d’humain ou s’ils ne peuvent pas intervenir, je cherche une zone de repli comme un bâtiment dans lequel je pourrais me faufiler lentement. Souvent, juste ignorer le chien assez longtemps suffit à ce qu’il reparte.Evaluer la situation ?
J’ai dit que personnellement je commençais par évaluer la situation. Alors qu’est-ce qui me met en alerte précisément ? Quels sont les signes que je n’apprécie pas ? Ici je ne vais pas détailler les signes que j’observe avant de m’approcher, mais vraiment les signes qui font que je ne veux pas qu’un chien m’approche.
Tout d’abord il y a le tonus musculaire. On ne se prépare pas au conflit en étant un marshmallow tout ramolli. Au plus un chien va être tendu et donc raide dans ses mouvements, au plus je suis méfiante. Ce que je crains le plus c’est le chien qui s’arrête et qui se redresse en me fixant, le corps tendu au possible.
Le regard est important chez les chiens. Il y a deux situations très différentes qui peuvent me poser problèmes. La première c’est celle que je viens de décrire : le chien fixe. Il ne cille pas. Il n’hésite pas. Il reste très concentré. La seconde est à la fois moins dangereuse et beaucoup plus périlleuse. Le chien se déplace et jette des coups d’œil de côté, coups d’œil très rapides, très succincts, sans tourner la tête pour autant. A priori ce second chien n’est pas du tout à l’aise et il devrait choisir de s’éloigner de lui-même, mais je me méfie quand même, je préfère reculer et lui offrir de l’espace.
Un chien qui se déplace normalement va d’activité en activité, son regard se pose un peu de partout, il n’a pas l’air spécialement tendu, il change régulièrement de trajectoire au fil des odeurs par exemple. S’il me regarde, il ne me fixe pas pour autant. C’est un comportement que je préfère.
Vous avez peut-être déjà remarqué la crête dorsale qui peut apparaître. Elle fait partie des signes d’excitation, l’excitation peut être de la joie ou de l’agressivité. Ce n’est pas le signe dont je me méfie le plus pris séparément des autres. De la même manière la queue qui bat est un signe d’excitation et à nouveau, il n’y a pas que la joie qui peut le déclencher. Alors le chien peut bien remuer la queue, ça ne suffit pas à me dire que tout va bien.
Ce qui est important de comprendre dans la communication canine c’est que comme tous les langages, pour le décrypter il ne faut pas prendre les mots séparément mais regarder les « phrases ». Chaque signal prit séparément ne veut rien dire. Ensemble, ils forment un tout cohérent.
Ainsi le chien qui me fixe au loin, le corps totalement raide avec une crête dorsale, je n’ai vraiment pas envie qu’il s’approche de moi et je peux chercher une solution alors qu’il se trouve encore très loin. Changer de trottoir ou de chemin, le contourner, faire demi-tour : peu importe, la sécurité avant tout. Peut-être que ce brave toutou était juste inquiet et en train d’analyser la situation, exactement comme moi, mais c’est une situation où il est justifié d’être en alerte.
Ensuite je me méfie des chiens laissés seuls à l’attache et bien-entendu des grognements, des retroussements de babines et autres signaux clairement agressifs, mais je trouve que le tonus musculaire nous apporte toute la base de compréhension nécessaire pour se mettre en sécurité.
Pour conclure, en l’ignorant, le chien pourrait venir et vous approcher, mais c’est la méthode qui est la plus intéressante à mon sens car elle permet de communiquer avec le chien sans ajouter de risque pour vous. Au-delà de l’empêcher de s’approcher, ce qui est important ça reste la sécurité. Vous pouvez avoir très peur qu’il vous renifle, mais s’il ne va pas plus loin que ça, c’est un moindre mal.
Ne laissez pas la peur venir vous mettre en danger et si jamais cela vous semble infaisable, faites-vous aider. Il existe des professionnels très compétents qui peuvent trouver des solutions avec vous pour améliorer les choses. La phobie des chiens, la cynophobie, n’est pas une invincible.
Alors je vous souhaite d’excellentes rencontres et de bonnes communications canines !