Bonne résolution : j’essaie l’éducation positive !

Ecrit par Céline , il y a 2 ans, 3 mois

Et si on tentait l’éducation positive ? Bon, ça peut faire un peu peur vu la quantité de jargon, les idées reçues à dépiauter et le côté tellement contre-intuitif des méthodes sans même parler de la difficulté d’accès. Oui, parce que le fait qu’il y ait écrit « en positif » de partout ne garantit malheureusement rien… Alors j’ai bien conscience que ce n’est pas du tout, du tout, du tout une petite bonne résolution toute facile à mettre en place, seulement, je vais essayer de vous donner les premières pistes pour réussir facilement avec une petite liste de défi. Ce que je vous propose c’est de vous lancer le défi de votre choix (un ou plusieurs ou même tous !) pendant une petite période, un temps qui vous semble accessible : quelques jours, une semaine peut-être un mois puis de faire un bilan et de voir ce que vous en pensez et quels effets ça a sur votre chien.

1/ J’arrête de dire « non », « stop », « tut tut tut » et pour chaque « non » retiré, j’essaie de trouver quand dire « oui »

Alors bien-sûr, en cas de danger, vous gérez l’urgence comme vous le pouvez. Mais au quotidien, on arrête. En arrêtant les petits mots pour venir bloquer les comportements, vous allez vous retrouver dans une situation fort désagréable : les comportements qui vous déplaisent ne vont pas s’arrêter. En même temps, est-ce que vous avez vraiment envie de passer toute la vie de votre chien à lui dire « non » pour arrêter un comportement qui se répétera ? On parle d’un paquet d’année avec ce comportement qui vous déplaît qui apparaît jusqu’à votre « non » qui ne l’arrêtera que sur un très court instant en réalité. Alors oui, ça vous fait du bien et ça vous fait vous sentir en contrôle, mais ça n’améliore rien dans la durée.

Pour chaque « non » que vous retirez, il va donc falloir trouver une stratégie. Comment faire pour que ce comportement n’apparaisse plus ? Il y a des tas de réponses potentielles, mais je vous conseille d’essayer de trouver un comportement qui vous plait et que vous pouvez récompenser à la place. C’est une première méthode toute simple qui va vous permettre de vous en sortir plus facilement.

Prenons un exemple avec un chiot qui mordille, on pourrait décomposer le comportement en trois étapes minimales.

1. le chiot s’approche.
2. le chiot mordille.
3. le chiot s’arrête pour passer à autre chose.

On est très tenté de faire ceci :

1. le chiot s’approche.
2. le chiot mordille. -> « NON ! »
3. le chiot s’arrête pour passer à autre chose.

Mais à la place, je vous demande d’enlever le « NON » et de mettre un « OUI ! » et tout le secret sera sur où le mettre ? Je vous laisse y réfléchir un moment et vous trouverez la réponse détaillée dans cet article.

2/ Ma laisse est molle

Tout ce que vous voulez apprendre à votre chien, en éducation positive on peut le faire sans le moindre équipement physique. Nous n’avons pas besoin de laisse, de harnais, de collier, de collier étrangleur ou autre. Si on attache son chien avec une laisse, c’est uniquement pour assurer sa sécurité si le milieu présente un danger quelconque, mais ce n’est pas pour l’éduquer donc, la laisse devrait être toute pendante et molle. Pour obtenir ça, il faut qu’elle soit assez longue voire même vraiment très longue.

Testez la longe en l’attachant sur la boucle dorsale d’un harnais et ce sera le moment de prendre votre première véritable leçon d’éducation positive. L’apprentissage, ça concerne le cerveau du chien et pour ça, il vous faut son attention. Pour avoir cette attention, il faut qu’il soit motivé. Soyez motivant ! C’est le moment de sortir votre bonne humeur, votre joie d’être avec lui, votre propre motivation mais également des friandises, des jouets ou n’importe quoi qui pourrait lui donner un but à atteindre. Vous saurez que vous faites de l’éducation positive quand une séance deviendra une véritable envie de votre chien.

Cette laisse molle, elle n’est intéressante que si vous faites des séances en extérieur et au départ, vous allez surtout vous y casser les dents parce que le milieu ne sera pas adapté. La séance proposée sera moins sympa que l’environnement. A force, le chien saura que c’est top de faire de l’éducation avec vous et ce sera de moins en moins problématique, mais en attendant, il va falloir que vous le lui montriez et que ça devienne vrai.

3/ Je récompense ce qui me plait

J’avais déjà écris sur le fait que l’éducation positive ne se résume pas à « récompenser le bon, ignorer le mauvais » car on a vraiment beaucoup, beaucoup de possibilités en réalité. Par contre, apprendre à récompenser c’est vraiment vital et c’est souvent ce qui coince au départ. Je vous conseille vraiment de passer outre vos premières réticences et d’apprendre à récompenser.

Récompenser son chien, c’est peut-être le meilleur cadeau qu’on puisse lui faire parce qu’on lui permet de comprendre ce qui est payant, ce qui pourrait lui rapporter des trucs sympas et parce qu’on va vraiment l’encourager à aller dans le sens qui nous convient. Ça veut dire à terme qu’on aura beaucoup moins de moment conflictuel et que notre chien ne va pas se mettre dans la panade, juste parce qu’on a pas su lui expliquer.

Néanmoins, on peut entendre des choses comme :

- Tu achètes ton chien. -> pas plus que je n’ai acheté mes proches en leur faisant des cadeaux de Noël ou en les félicitant pour un succès quelconque. Mais surtout, si vous ne voulez pas d’une relation employeur donnant un salaire à un employé, ce que je peux comprendre, quelle est l’alternative ? Vous pouvez ne rien demander, comme ça effectivement, il n’y a rien à payer. Mais sinon ? Ça nous laisse un maître qui ordonne et un esclave qui obéit par manque de choix ? Je préfère « acheter » mon chien en lui faisant plaisir et mon chien le préfère également (sinon il refuserait les récompenses).

- Il va faire pour les récompenses et plus pour toi. -> le chien comme tout individu fait ce qui l’arrange, il ne fait pas pour vos beaux yeux et s’il peut prendre votre joie comme une récompense, ça n’est pas pour autant toujours suffisant. Alors oui, votre chien fait pour les récompenses ou pour éviter des désagréments, mais puisque c’est pour l’un ou pour l’autre, autant que ce soit pour des récompenses.

- On ne va pas lui en donner tout le temps quand même ! -> je suppose qu’énormément de personnes trouvent qu’elles donnent « beaucoup » voire « trop » aux autres… mais du point de vue de votre chien, c’est loin d’être trop. Soyons juste et donnons leur effectivement ce qu’ils méritent et s’ils méritent tout le temps, alors vous avez beaucoup de chances et beaucoup de récompenses à donner.

Laissez tomber les considérations philosophiques purement humaines, votre chien ne s’y intéresse pas après tout. De son point de vue, recevoir des récompenses, c’est cool, sinon ce ne sont plus des récompenses. Tout ce que vous aurez à faire et ce ne sera pas un petit défi, c’est de les donner sur le bon tempo c’est-à-dire dans les secondes qui suivent un bon comportement. Votre chien ne peut pas deviner que vous lui donnez une grosse récompense parce qu’il a fait une bonne séance ou que vous ne lui donnez pas parce qu’elle vous a déplu d’ailleurs. Ce que vous récompensez, c’est ce qu’il vient de se produire à l’instant donc on doit se préparer et bien viser.

4/ Je définie ce que je désire

Alors ça, c’est l’un des fondamentaux que l’on oublie le plus souvent. Si je vous demande ce que vous voulez changer chez votre chien vous allez peut-être me dire que vous ne voulez plus qu’il aboie, qu’il tire en laisse, qu’il détruise, qu’il soit réactif, etc… Mais tout ça, ce n’est pas ce que vous voulez. C’est ce que vous ne voulez pas. Classiquement, on apprend que l’éducation permet de modifier les comportements non désirés et du coup, la formulation est tout à fait bonne puisqu’on va sélectionner des comportements à punir pour les faire cesser.

L’éducation positive ne fonctionne globalement pas du tout sur ce mode de pensée et c’est ça qui est difficile au départ. Il faut réussir à extraire ce que vous voulez vraiment.

Par exemple, vous ne voulez pas que votre chien aboie sur le voisin. D’accord mais est-ce que vous voulez :

• qu’il fasse sa vie silencieusement
• qu’il surveille le voisin sans faire de bruit
• qu’il ignore totalement le voisin
• qu’il soit content de voir le voisin
• qu’il vienne vous chercher quand le voisin arrive
• …

Le panel des possibles est immense et c’est à vous de définir ce que vous voulez réellement. En faisant activement cet exercice vous allez découvrir plusieurs choses. Déjà, comment votre chien pourrait deviner ce que vous voulez si vous-même vous n’en savez rien ? Ensuite, si au fond ce que vous voulez c’est que votre chien soit content de voir le voisin, ce n’est pas en punissant des aboiements que vous allez y arriver…

Ce défi va vous donner un autre regard sur vos objectifs et vous aider à trouver « quoi récompenser ».

5/J’apprend un truc à la capture

En éducation positive, il n’y a pas une méthode, il y a des dizaines que l’on va regrouper par famille. Tester plusieurs familles, c’est important pour voir avec quoi on est le plus à l’aise. Par contre, chaque famille demande un peu de temps pour être réellement comprise et au moins un peu maîtrisée.

La capture, c’est une famille dont je parle déjà dans d’autres défis. On peut résumer la capture à ce slogan : « Je vois, je veux, je prends » pour prendre on récompense tout simplement. Choisissez un comportement qui vous plait vraiment et qui ne va pas vous jouer de mauvais tour si vous l’amplifiez puis récompensez-le quand il apparaît. Par exemple cela pourrait être : « être calme » ou « rester sur le trottoir ». Ce sont des comportements qui à terme ne se demandent pas.

Observez simplement qu’au plus vous les récompensez (dans le calme pour le calme) au plus ils apparaissent spontanément.

Pour plus de détail

6/ J’apprends un truc au leurre (ciblage)

La famille du leurre n’est pas souvent la favorite des personnes qui font de l’éducation positive, parce qu’elle est plus « pauvre » que les autres en matière de résultat et elle pose des difficultés quand on essaye d’avancer dans certains apprentissages. Mais les débutants adorent souvent cette méthode parce qu’elle est très facile.

Je vous conseille de simplement apprendre à votre chien à suivre votre main en ligne droite pour débuter. C’est un tout petit exercice qui débloquera la suite et qui vous aidera à suivre la majorité des tutos pour débutant en éducation positive.

Pour plus de détail

7/ Je teste le shaping

Le shaping c’est la troisième famille de méthode qui est la plus populaire, notamment parmi les confirmés. Si vous voulez réellement avancés vers l’éducation positive, alors le shaping est la voie la plus indiquée. Cependant, le shaping ne va pas juste être un défi de compréhension et de timing pour vous, mais également de compréhension pour votre chien qui est tout aussi débutant. Donc pour tester le shaping, je vous conseille surtout d’essayer quelque chose entre humains le Portl Games.

L’objectif est de faire du shaping avec votre partenaire humain ce qui va vous permettre d’en comprendre les fondamentaux, d’affiner votre timing, de comprendre comment insérer un signal, …

Pour ça vous aurez besoin de :

• un partenaire de jeu
• un clicker
• des petits trucs à manipuler (des jouets pour enfant, des cartes, … ce que vous avez sous la main)
• des récompenses sous la forme d’un paquet de perles, de boutons ou d’un petit truc dans le genre

Pour plus de détail

Avec ces sept défis, vous allez pouvoir commencer à tester réellement l’éducation positive, ça ne fera pas tout, vous n’aurez pas toutes les clés et le nombre d’articles sur le site concernant l’éducation annonce la couleur. Mais les bases, les prémisses, les premiers pas, vous pouvez les faire ! Et en cas de doutes, pleins de chouettes pros pourraient vous accompagner.