La ruée vers l’or... et tous ses fantasmes. Pour raconter cette histoire, il faut peut-être commencer par là, cette ruée vers l’or, cette envie de trouver des pépites, devenir riche et tant pis pour les efforts à fournir. Ils étaient prêts à tout, même à s’enfoncer dans des contrées inhospitalières au possible.
C’est ainsi qu’une petite ville, créée par quelques personnes a atteint en une année seulement une population de 10.000 habitants. Dans le sable des plages de cette ville qui se trouve sur la côte ouest de l’Alaska, des pépites sont trouvées et la population gonfle encore. Bien-sûr, les richesses attirent des personnes très différentes et ces premières années sont des années mouvementées pour cette ville. Il est compliqué de faire régner le calme et la justice tout en protégeant la population.
Mais si l’histoire de cette ville a traversé les continents, si le nom de certains chiens est resté dans les mémoires, ce n’est pas à cause de l’or. Pas directement en tout cas. Environ vingt-cinq ans après sa fondation, la ville est touchée par une épidémie. Nous sommes durant l’hivers 1925, loin de tout, et la diphtérie fait des morts. Le médecin finit par l’identifier correctement, mais il ne peut la soigner et la seule solution est de faire venir du sérum... mais nous ne parlons pas d’une ville qui s’est établie près des autres, le long d’un cours d’eau tranquille pour faire de l’agriculture. Nome, puisque c’est son nom, est loin de tout et la météo est si rude que le transport se complique gravement.
Il y a néanmoins une solution : faire transporter le sérum au plus près puis finir le trajet de Nenana à Nome en traîneau. Nous ne parlons pas d’un seul traîneau néanmoins, non, car le trajet représente plus de mille kilomètres et ce sera un véritable parcours de relais qu’il faudra mettre en place. Ce relais sera effectué par trente-cinq mushers.
Comme souvent, tout le monde se rappellera du dernier arrivé mais pour réussir, il fallait que chacun fasse sa part. Leonhard Seppala était l’un de ces mushers. C’était un norvégien, dont la famille avait émigré. Comme son père, il avait d’abord travaillé comme forgeron et pêcheur, mais en 1900, lorsque les rumeurs sur l’or de Nome avaient atteint ses oreilles, il avait décidé de tenter sa chance et avait participé à la ruée vers l’or. Cependant, il y avait beaucoup de personne pour peu d’or, il ne fit pas fortune... Il se retrouva à travailler dans une mine, un métier qu’il n’avait jamais pratiqué avant. Ce ne sera pas sa seule nouvelle expérience, car bientôt le voici à la tête de chiens de traîneaux.
Les courses de chiens de traîneaux, c’était un amusement, mais Leonhard Seppala se prend au jeu et se retrouve bientôt à élever, sélectionner et entraîner ses propres chiens. La race ? Vous la connaissez sans doute, aujourd’hui, elle est très populaire, mais à l’époque le rat de neige devait encore faire ses preuves. Beaucoup plus petits que d’autres races, ils n’avaient alors pas fière allure, ces
Huskys.
Leonhard Seppala avait gagné des courses et sans doute la confiance des autres, car il fut sélectionné pour la course au sérum et le tronçon qu’on lui donna était réputé pour être le plus difficile. Il prépara son traîneau et choisit son chien de tête... Il s’agissait d’un chien nommé Togo, en référence à l’amiral japonais Togo Heihachiro. Lui et son humain étaient réputés pour gagner des courses après tout, mais Togo n’était plus un jeune chiot depuis un certain temps déjà, puisqu’il avait douze ans, un âge relativement honorable.
Pourtant Togo fut le chien de tête à traverser la plus longue et la plus dangereuse des portions, bravant les dangers et guidant l’attelage. De cet exploit, ce n’est pourtant pas son nom qui est connu, mais le nom d’un autre chien, lui aussi issu des lignées de Leonhard Seppala, un chien un peu lourd, beaucoup plus sombre, qui avait été castré car il semblait bien peu prometteur... un certain Balto. Balto qui traversa la ligne d’arrivée, apportant les médicaments tant attendu.
Une statue fut érigée pour le jeune outsider qui avait atteint la ville de Nome avec le sérum et Togo fut partiellement oublié même si son nom résonne encore aujourd’hui de temps à autres, lorsque l’on raconte le trajet jusqu’à Nome.
Cependant bien d’autres noms ont été perdus et la seconde course qui eut lieu pour emmener plus de sérum fut encore moins médiatisé. Quand à Togo, il prit sa retraite à quatorze ans et s’éteint deux ans plus tard à un âge avancé.