Lorsque l’on décide d’aller voir un professionnel…
Lorsque l’on décide d’aller voir un professionnel dans le milieu canin, que ce soit un vétérinaire, un éducateur ou autre, on espère y trouver une forme de bienveillance et ce quelques soient les méthodes finalement employées. Après tout, si on fait appel à eux c’est souvent pour régler un problème et cela montre notre sérieux. Malheureusement, ça ne se passe pas toujours aussi bien que ça…

En tant que professionnelle moi-même, je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Les clients ravis d’employer un collier électrique n’apprécient pas que je leur explique que leur chien, lui, est beaucoup moins content qu’eux. Et si j’essaie de rester bienveillante, je peux comprendre que ce soit difficile à entendre et que le déni soit beaucoup plus commode. Quand je dis que non, utiliser une canne pour taper le chien, ce n’est pas acceptable, mon client n’est pas content. Nous avons tous notre part de clients mécontents, parce que nous ne sommes pas allés dans leur sens, parce que nous ne sommes pas des magiciens ou simplement parce que nous ne nous sommes pas compris. Nous pouvons avoir des divergences d’éthique qui posent problèmes également. Bref, les clients mécontents, ça arrive. Néanmoins…

Depuis des années maintenant, j’observe un phénomène très grave. Quelque chose qui ne devrait pas exister et qui gangrène littéralement nos métiers. Une violence envers les humains avec énormément d’intimidations, de menaces, de recours en justice pour faire taire, … Les clients mécontents qui sont parfois traumatisés se taisent parce qu’ils ont peur. Les autres éducateurs et éducatrices se taisent parce qu’ils et elles ont peur également. Oser critiquer une vidéo, décrypter ce qu’il s’y passe, expliquer une méthode devient dangereux. Citer un nom ? Pauvre fou ! On vous collera un procès aux fesses et même s’il n’aboutit à rien, peu importe, personne n’a envie de se faire traîner en justice. Ce sont de véritables procédures baillons qui sont là uniquement pour réduire au silence. Alors pour se protéger, on se tait. Il en va de même avec des vétérinaires qui ont oublié toutes formes d’éthique et qui proposent des euthanasies de convenances, pour des causes comportementales, alors même qu’on ne le demande pas. Des témoignages si choquants que le procès pour diffamation parait inévitable, alors on se tait, même si c’est vrai et même si c’est grave…

Et cela donne un effet d’autant plus ennuyant que les rares témoignages qui sont conservés sont uniquement ceux des clients ravis. Piégeant d’autant plus de monde… et là, je ne parle pas de clients mécontents parce que leurs chiens n’ont pas appris à s’asseoir en une, deux ou trois séances comme promis, mais de personnes et de chiens traumatisés qui, à la suite des séances, repartent avec de graves problèmes. Des humains qui ont perdu totalement confiance en leur chien et des chiens qui deviennent beaucoup plus dangereux… On parle d’une violence à tous les étages et, parfois, de véritables arnaques où des sommes folles sont engagées sur des périodes très courtes. Pour l’un d’entre eux, les témoignages se multiplient avec des tarifs qui évoluent en fonction de clients mais qui tournent facilement autour de plusieurs milliers d’euros pour quelques jours de stage intensif.

Et vous savez le pire ? Les clients se taisent également parce qu’ils ont honte. Honte de s’être fait avoir. Mais également honte parce que le professionnel en question peut les faire se sentir fautif. Les attaques verbales peuvent être incroyablement violentes.

Il est très compliqué de faire de la prévention contre ce phénomène sans citer les professionnels en question et sans risquer le procès. Comme tout le monde, j’ai peur. Je n’ai pas envie de finir au tribunal et pourtant, comme beaucoup, je suis également en colère face à cette situation qui n’a rien de normale. La peur ne devrait pas être dans notre camp. Les personnes violentes, voilà qui devrait avoir peur et je pense sincèrement qu’ils ont peur. Toutes les menaces, les bravades, les coups de sang pour faire taire, c’est juste leur propre peur qui parle.

Alors je ne donnerai pas de noms. A la place, j’aimerais vous donner quelques astuces pratiques pour les éviter.

1/ des prix raisonnés
Un stage, même un stage intensif où vous êtes le seul client ne devrait pas coûter plus de 300 ou 400 euros par jour, mais il ne devrait pas coûter moins d’une centaine d’euros non plus. N’hésitez pas à comparer avec le prix des collègues et à comparer les formations. La durée d’expérience, les formations, … tout ça ne justifie pas des tarifs de plusieurs milliers d’euros pour quelques jours. Et faites le calcul… Un quart du salaire (environ) part dans les charges et on peut imaginer que le professionnel ne remplisse pas tous ses créneaux. Combien gagne-t-il alors ?

Si, sans remplir, vous trouvez qu’il gagne 5.000 euros ou plus par mois, il y a sans doute un souci. Et s’il ne peut pas atteindre le SMIC, même en remplissant tous ses créneaux, c’est également un problème. A retenir : dans le milieu canin, on paye rarement la réputation. J’ai pu aller voir de très grand professionnel pour des sommes tout à fait raisonnable. On paye plus cher lorsqu’il y a des traducteurs par exemple mais ça s’arrête là. Un tarif exorbitant, ce n’est pas normal.

2/ un CV digne de ce nom
Quand vous lisez un CV, il faut idéalement une grosse formation de base dans le métier visé. Et une série de formations en continue, des stages, des journées à thème, … Si vous cherchez quelqu’un de spécialisé (ce qui est potentiellement discutable), il devrait avoir suivi des formations sur le thème en question.

Méfiez-vous des CVs très courts n’indiquant pas de formations de base ou mettant en avant un autre métier comme un service dans l’armée ou un travail dans un cabinet vétérinaire. Méfiez-vous également de certaines mises en avant de pratiques sportives, de bénévolat, … Enfin, quand vous allez chez un médecin, savoir s’il est bénévole dans une association d’aide aux sans-abris, savoir qu’il fait du jogging pour sa santé ou qu’avant d’être devenu médecin, il a été famille d’accueil, c’est bien gentil, mais ça ne répond pas à votre question : est-ce que c’est un bon médecin ? Et bien, pour un professionnel de l’éducation ou du comportement, c’est pareil. C’est pas totalement inintéressant, mais s’il n’y a que ça, c’est quand même drôlement inquiétant.

Et s’il n’y a pas de CV ? … Ça c’est drôlement problématique et ça devrait toujours nous inquiéter. Qu’est-ce que cette personne a fait, concrètement, qui la dispense de s’être formée ou d’annoncer ses formations ? C’est une situation qui doit nous amener à réfléchir.

3/ des promesses réalistes
Le souci de votre chien peut être un simple problème de compréhension. Alors annoncer un nombre de séances peut se faire. Par contre, si le souci est lié à de l’émotion et que l’on désire faire évoluer cette émotion, il est impossible de promettre que cela se fasse en deux ou trois jours ou même une semaine. Pensez à vos propres émotions. Si vous détestez… disons les brocolis. C’est rien du tout de détester les brocolis. Pensez-vous qu’un bon pro puisse changer ça en une séance ? Oui ? Bien. Et si on travaillait sur votre plus grande peur ou sur une véritable haine envers une personne ? Une séance ? Deux ? Trois ? Ou plus ?

Je ne dis pas que les émotions sont forcément longues à faire évoluer, parfois, c’est étonnamment rapide ! Mais… c’est très difficile de parier sur une durée et de s’y tenir à moins d’oublier toute forme d’éthique.

Si la promesse est trop belle, méfiance !

4/ pas de violence
Rien ne justifie la violence. Il est très important d’avoir conscience qu’à partir de l’instant où le professionnel arrive, il a une responsabilité morale de mettre les individus en sécurité. Dès le début de la séance, même s’il désire observer, il doit mettre en place le minimum syndical pour éviter les gros accidents. S’il décide de filmer sa séance, on ne devrait jamais voir le chien du client attaquer un autre chien, un passant, son humain ou l’éducateur. Ce type d’accident peut arriver, nous sommes humains et faillibles, mais c’est qu’il y a eu un gros problème. Si ça arrive régulièrement, c’est que c’est désiré et ça, ce n’est pas possible pour plusieurs raisons.
  1. à chaque agression, le chien apprend et on augmente les risques qu’il recommence (ce qui est le contraire de ce que l’on désire)
  2. à chaque agression, l’humain risque de perdre confiance en son chien (ce qui augmente les risques d’abandons mais également d’euthanasie)
  3. à chaque agression, le chien risque un protocole lié à la morsure (ce qui peut le mettre en danger)
  4. à chaque agression, on a un risque de finir à l’hôpital ou chez le vétérinaire (ce qui n’est pas le but et qui met également le chien en danger)
« Les chiens ne sont pas tendre entre eux » n’est pas une excuse valable pour organiser une rencontre dans le but que ça se passe mal. Mettre en scène de la violence montre uniquement de l’incompétence ou / et de l’inconscience. Le fait que ça plaise ou que ce soit populaire n’est pas une excuse.

Si vous observez de la violence, oubliez les « bonnes excuses », ce n’est pas le bon endroit où aller. Je comprends que l’on puisse être désespéré, mais même en oubliant toute forme d’éthique : ce n’est pas une bonne idée. Le résultat apporté par ce type de méthode est juste décevant, quand il n’empire pas les choses.

N’oubliez pas, les victimes de ces professionnels de la violence se taisent… ça ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Restez en sécurité !