Beaucoup de propriétaires et parfois même de professionnels déclarent que tel ou tel chien souffre « d’hyper-attachement » à tel point que cela semble être l’épidémie du siècle. Est-ce que ça se transmet de truffes à truffes ? Ça m’inquiète un peu. Et si jamais mes chiens l’attrapaient au détour d’une rue ?
Ah non, ça ne se transmet pas comme ça. Ouf !
C’est juste l’un de ces termes fourre-tout absolument insupportable. Imaginez, vous avez mal à la tête, vous allez voir un ami qui vous dit : « Tu as la pneumonie. » Alors vous allez voir votre médecin et il vous dit lui aussi que vous avez la pneumonie, mais une version où on a juste mal à la tête. Si. Si. Donc il vous donne un diagnostic « pneumonie » et il vous soigne pour votre « mal de tête » en vous donnant quelques conseils de prévention du style « pensez à reposer vos yeux ». Puis vous irez dire à tous ceux qui ont mal à la tête qu’ils ont une pneumonie et vous aurez l’air savant. Hallucinant non ?
L’hyper-attachement, c’est un peu ça, mais l’hyperactivité n’est pas en reste non plus dans son genre. Disons que c’est une manière de voir. On peut penser qu'il vaut mieux dire à tous ceux qui ont un seul symptôme de la pneumonie, qu’ils ont la pneumonie plutôt que de s’embêter à décrire les multiples causes potentielles des maux de tête. Le terme devient tellement large que ça en est ridicule, car la pneumonie a quand même un petit paquet de symptôme… tout comme l’hyper-attachement. Et surtout, on finit par donner le traitement de la pneumonie (ce n’est pas rien) à des personnes qui ont juste mal à la tête.
L’hyper attachement en (très) bref, c’est un excès de caresses qui produit un trop plein d’hormone du bien-être ce qui drogue le chien et le conduit assez facilement à un état de manque. Cet état de manque donne de l’anxiété et tout un tas de comportement problématique …
Le premier conseil pour s’occuper d’un problème d’hyper-attachement, c’est :
- Réduire les caresses
- Réguler les contacts
- Choisir les moments de caresses
- Décider de chaque moment de contact
- …
Dans chaque article parlant de l’hyper-attachement, vous trouverez une version de ce conseil. C’est tout à fait logique si on garde en tête ce qu’est l’hyper-attachement : un problème de trop plein de caresses qui produit un trop-plein d’hormones qui drogue le chien. Bon, précisons que même en cas d’hyper-attachement, il y a quand même des « dosages » à respecter pour ce type de conseil …
Maintenant, imaginez, que l'on a une personne qui est absente 8 heures par jour et qui dort 8 heures dans une chambre où le chien n’a pas accès. Le reste du temps, elle fait une petite balade sanitaire et une balade plus longue. Elle ne joue pas particulièrement avec lui et le soir, ils restent ensemble devant un film avant qu’elle n’aille se coucher. En son absence, son chien hurle à la mort, détruit tout et peut-être même qu’il s’automutile, ….
Est-ce qu’il souffre d’un état de manque suite à trop de caresses ? Nan ! Peut-être qu’il ne sait simplement pas rester seul ? Peut-être que la journée, il y a des travaux dans la rue qui font des bruits épouvantables ce qui le fait horriblement stresser ? Peut-être que … Ce n’est pas parce que l’on a un, deux ou trois symptômes que l’on peut sauter aux conclusions … Du coup « limiter les caresses », pourquoi faire ? Le tout premier conseil qui est là pour la cause même de l’hyper-attachement n’est pas valable dans un cas où on n’a visiblement pas un trop plein de caresses. On va faire autrement pour gérer ce soucis et pour commencer on va chercher exactement sa cause.
Alors pitié, arrêter de déclarer à toutes ces braves personnes qui se tiennent le crâne avec un air fatigué qu’elles ont la pneumonie. Elles vont aller se faire traiter pour des soucis pulmonaires et ne comprendront pas pourquoi ça ne marche pas … Oh et l’hyperactivité ? Même bataille !
L’hyperactivité, ce n’est pas juste un chien trop actif pour la personne. C’est un chien trop actif pour son propre bien être. C’est un chien qui est incapable de s’arrêter, de se poser pour souffler ou simplement pour réfléchir à ce qu’il veut faire … C’est un chien qui a un besoin d’activité mais qui pourrait faire du sport H24 et finir par s’écrouler sans trouver la moindre satisfaction. Ce n’est pas simplement un chien qui a besoin de 2 à 4 heures d’activités quotidiennes pour être bien, ce qui peut paraître énorme alors que c’est tout à fait normal pour bon nombre de type de chien.
On peut voir l’hyperactivité comme un gros besoin d’activité, et alors effectivement, beaucoup de chiens tombent dans cette définition. Des races entières … Mais comment appelle-t-on ceux pour qui le premier conseil ne sera pas « augmenter simplement les activités sportives », mais au contraire « faites-lui faire des activités qui demandent de la concentration » et « éviter de trop le faire gagner en endurance » ? Les hyper-hyper-actifs ? Et si à la place, on arrêtait de donner un nom de « problèmes » à des chiens qui vont parfaitement bien et qu’on gardait ce nom pour ceux qui ont effectivement un problème ? Personnellement, ça me parait être le plus raisonnable à faire.
J’ai fait une petite infographie, très basique, avec quelques points qui peuvent permettre de différencier un chien hyperactif des autres. Si vous vous demandez si votre chien est simplement un sportif ou s’il souffre d’un problème d’hyperactivité, ce test est pour vous !