Les chiots mordillent, aussi problématique que cela puisse paraître, c’est tout à fait normal. Au début de leurs vies, les chiots découvrent le monde au travers de leurs gueules. Les textures et les goûts sont alors particulièrement importants.
Puis un jour, le chiot arrive dans une nouvelle famille et soudain, on estime que mettre les choses à la gueule est la pire des bêtises possibles ! Il ne faut rien détruire, il ne faut rien mordiller … Il faut cesser de s’en remettre aux goûts et aux textures des choses. Bien entendu, les chiots grandissent et apprennent à utiliser de façon plus systématique leurs autres sens, mais il faut un peu de temps alors il convient peut-être d’être indulgent. Est-il vraiment intéressant de rentrer en conflit avec un jeune chiot pour le forcer à voir le monde autrement ?
Si vous fouillez à travers la toile, vous trouverez différents conseils pour gérer les mordillements. Voici un résumé de ce que vous allez pouvoir trouver :
- « Donner lui un jouet »
- « Ignorer le »
- « Dire non »
- « Crier aïe »
- « Punissez-le avec un vaporisateur »
- « Bloquer la mâchoire du chiot »
- « Mettre des gants et les couvrir d’un goût horrible »
- « Mettre un collier étrangleur ou torcatus et donner des coups sur la laisse »
- « Secouer une canette vide contenant des cailloux »
- « Soulever par la peau du cou »
- « Secouer en tenant par la peau du cou »
- « Le pincer jusqu’à ce qu’il couine »
- « Lui enfoncer vos doigts couverts de vinaigre dans la gueule »
- « Le mettre sur le dos jusqu’à ce qu’il s’immobilise »
- « Donner une tape »
- …
Pour la partie sur le « non », je vous conseille de lire ou de relire
Petites notes sur l’éducation canine – n°1. Pour le reste nous allons décortiquer un minimum. Je rappelle juste avant que le comportement que l’on punit ainsi est un comportement normal, dû parfois à de l’exploration et parfois à une tentative d’interaction.
Pour punir ce terrible comportement on peut employer des punitions conduisant à la détresse acquise. Bloquer le chiot dans une situation impossible et plutôt angoissante, jusqu’à ce qu’il cesse de réagir. Cet état est souvent décrit comme une soumission alors que c’est davantage un état de sidération. Lorsque les conseils indiquent de bloquer jusqu’à l’immobilisation, nous sommes là-dedans.
Certaines punitions ne conseillent pas d’aller jusqu’à l’immobilisation, mais simplement jusqu’à un pleur ou cri. Faut-il réellement expliquer que ce sont des méthodes violentes ? Le problème de ce type d’action, c’est qu’à une demande relativement innocente ou une tentative d’exploration, nous répondons par la violence. Alors bien-sûr, certains chiots vont paniquer, fuir la situation (certains diront fièrement qu’ils ont compris !) et d’autres tenteront de se défendre (certains diront alors, un peu consterné, qu’ils ont à faire à un vrai dominant …).
Frapper, taper, faire couiner, faire pleurer, faire peur, … Et tout ça pour faire face à quoi ? A un chiot. Un tout petit chiot qui vient souvent de quitter sa famille, de perdre ses repères, de se retrouver dans un endroit inconnu et plein de nouveauté. Quelle première impression ces conseils doivent donner ? Alors que c’est justement à ce moment que la relation commence à se construire, la plupart des méthodes vont montrer au chien qu’il a des raisons d’être méfiant. L’humain peut faire mal. L’humain peut faire peur.
Mais l’humain peut aussi être compréhensif et pédagogue … Souvenez-vous, le chiot mordille pour explorer, alors donner lui de quoi explorer. Des jouets présentant de nombreuses textures existent. Apprenez lui à s’en occuper, féliciter le et quand il tente de vous mordiller, lancer, l’air de rien un jouet et détourner son attention. S’il tente d’obtenir votre attention avec ses dents, montrez lui que ça ne marche pas et au lieu de vous occuper de lui ignorez-le et quand il tente une demande polie, n’oubliez pas d’y répondre. Et puis, s’il vous fait mal, n’hésitez pas à le dire. Couiner et il comprendra que vous êtes plus fragile que ce qu’il pensait …
J’aimerai simplement partager une expérience personnelle. Quand j’étais famille d’accueil, j’ai eu à la maison des chiots de tout âge et un grand nombre d’entre eux mordillaient et parfois mordillaient fort. Sans employer de violence, juste avec des jouets, du détournement d’attention, de l’ignorance et des tas de câlin, les problèmes se sont toujours résolus.
Un jour, l’un de ces chiots a été adopté, mais contrairement à ce que nous a dit l’adoptant, il n’était pas prêt à éduquer ainsi son chiot. Il n’a pas employé les plus violentes de solutions proposées au travers de la toile. Il a simplement employé un journal roulé pour donner des tapes et le fameux « non ». Les mordillements doux qui avaient quasiment totalement disparu se sont alors transformés en morsures laissant des plaies ou des bleus. Le chiot est finalement revenu et l’adoptant m’a expliqué qu’il n’allait pas falloir le câliner, mais le briser, car après tout, il était dangereux. Effectivement, il faisait mal, il pouvait laisser des bleus très facilement et on ne pouvait plus approcher les mains de lui sans qu’il ne jette les dents en avant.
Alors on fait quoi ? On frappe ? On immobilise jusqu’à la détresse acquise ? On le brise ? On l’euthanasie ? On poursuit dans une spirale infernale de violence ?
Je n’ai pas fait ce choix. J’ai fait le choix de le câliner, de lui montrer que mordiller ne servait à rien, de lui montrer ce qu’il fallait mordiller à la place… Je n’ai pas levé la main sur lui et en quelques jours, le problème qui avait été créé par la violence a disparu.
Souvenez-vous simplement de ceci : si vous vous sentez forcé d’employer une méthode se basant sur la peur, l’inconfort ou la douleur, alors il est grand temps d’appeler au secours un professionnel que ce soit un éducateur travaillant en renforcement positif (voir la carte ci-dessous) ou un comportementaliste canin.