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Il existe des tas d’articles sur la hiérarchie chez le chien, chez le loup ou encore entre le chien et l’Homme. Je vais commencer par un résumé rapide du sujet. La hiérarchie est une organisation sociale qui permet de vivre ensemble de façon intelligente. Cette structure peut exister au sein de la même espèce à condition d’avoir un but commun, par exemple : besoin de chasser, de garder un territoire, … La hiérarchie entre deux espèces différentes n’a pas de but et la communication est suffisamment différente entre l’Homme et le chien pour la rendre impossible. Elle n’existe donc pas.

Cependant, c’est un sujet polémique et plusieurs théories peuvent être défendues. Nous allons rentrer, un petit peu, dans les détails et aborder ce sujet au travers de trois questions. Les voici :
I - Est-ce que le comportement du loup gris est applicable au chien ?
II- Est-ce que la "hiérarchie" apporte quelque chose d’intéressant ?
III – Qu’est-ce qui remplace la hiérarchie alors ?

I - Est-ce que le comportement du loup gris est applicable au chien ?



Lorsque l’on aborde le problème de la hiérarchie le premier réflexe est souvent de se référer au loup gris, comme s’il était la version "sauvage" du chien. Que le loup gris soit un ancêtre du chien domestique, un cousin ou autre, il s’agit néanmoins de deux espèces différentes qui possèdent des comportements différents.

Des comportements différents ? Pourtant ce sont des animaux qui peuvent avoir un régime alimentaire similaire et qui peuvent même s’hybrider … Alors ils ne sont peut-être pas si différent que ça ?

Reprenons un comportement de base, un comportement vital : manger ou plutôt chasser. Comment chasse un loup gris ? Il possède un comportement complet de prédation. Cela se passe tout simplement : il a faim, il cherche, il poursuit, il capture, il met à mort, il mange, il digère, … Comment chasse le chien domestique ? Et bien … Ca dépend des races, car avec la sélection comportementale, la séquence de ce comportement a beaucoup évoluée. Par exemple, avant de poursuivre, le chien fixe sa proie. Ce petit comportement se trouve disproportionné chez le Border Collie qui fixe énormément. Si au sein de la chasse, c’est un comportement qui n’est pas surprenant, chez le Border Collie, ce comportement permet de faire du troupeau et il ne se retrouve pas à attaquer. Son comportement n’est d’ailleurs pas motivé par la faim. De la même manière, chez les chiens de chasse, la poursuite peut être exacerbée, mais on ne leur permet pas forcément d’exécuter la mise à mort ainsi que l’ingestion de la proie.

On aura beau disséquer le comportement de chasse du loup gris, on ne parviendra pas à en déduire le comportement de chasse du chien. Ce sont deux espèces différentes …

Un autre exemple ? Le loup a une communication faciale importante. Il use de vingt-quatre muscles pour faire cela. La communication du chien est-elle exactement la même ? Non, ce n’est même pas envisageable, car il n’a que la moitié des muscles faciaux qui permettent au loup de communiquer. La différence à l’œil humain n’est peut-être pas très importante, mais au sein d’une espèce c’est une différence très importante. Donc, on aura beau dépiauter la communication du loup, on n’y trouvera pas exactement le reflet de la communication canine.

Appliquer totalement un schéma à une espèce à partir des observations d’une autre espèce n’est pas une méthode fiable. C’est le premier point que j’aimerai vraiment souligner pour la hiérarchie. Le fonctionnement social du loup ne peut pas être applicable au chien sans la moindre forme de nuance. Mais en plus, dans le cas du loup, il est intéressant de noter deux points supplémentaires :
1 – Le loup, OK. Mais quelle espèce ? Le loup gris qui vit en groupe (mais pas forcément) ou le loup africain qui est solitaire ou l’une des très nombreuses autres espèces ?
2 – Le loup, OK. Mais dans quelles conditions d’observation ? Ce point précis est important car observer des animaux en captivité, ça implique d’observer un groupe fabriqué par l’Homme et qui ne peut pas choisir de se séparer ce qui peut créer des comportements très différents …

Concernant la hiérarchie, si l’on ne peut pas copier le modèle du loup (note : dont les observations semblent faire apparaître quelques choses de différents du mythe commun), quelle hiérarchie chez le chien ? Les groupes sont tous différents (âge, même famille, différence morphologique, …) et ils vivent dans des milieux très différents (appartement, maison, …). Beaucoup de chiens sont d’ailleurs solitaire et ne vivent pas du tout en groupe.

II - Est-ce que la "hiérarchie" apporte quelque chose d’intéressant ?



Cette théorie de hiérarchie entre l’Homme et le chien, sans même parler de hiérarchie entre chiens, beaucoup de personnes y sont terriblement attachées. Donc on peut s’attendre à ce que ce soit quelque chose de réellement nécessaire, dont les règles, les mythes et les légendes ne peuvent pas être abandonnés sous peine de se louper totalement.

Il y a effectivement tout une série de règles pour parvenir à dominer son chien. Certaines sont intéressantes, beaucoup sont là pour se compliquer la vie et certaines sont carrément dangereuses. Nous allons détailler quelques règles.
- Interdire l’accès à la chambre et encore plus au lit, ainsi qu’au canapé.
Cette règle est censée être là parce que le dominant (l’humain) a une place privilégiée (le lit) et que le chien ne doit pas la prendre sinon il devient le dominant. Cette règle peut permettre d’amener des périodes de solitude et de détachement, ce qui peut être une bonne chose. Cette règle permet également d’éviter tous soucis de protection de la ressource liée au confort. Il est néanmoins important de noter que ce problème peut être résolu autrement que par l’interdiction totale d’accéder à ces lieux de conforts.
En soit, laisser l’accès à la chambre, au lit et au canapé est un choix. L’autorisation en elle-même n’apporte rien de mal …

- L’humain mange toujours avant le chien.
Cette règle est censée être là parce que le dominant (l’humain) a le privilège sur la nourriture et mange donc en premier. Si le chien mange avant, il est donc privilégié et devient le dominant. Cette règle est simplement inutile. Ne pas donner de la nourriture venant de la table, pendant le repas, a une utilité : cela apprend au chien que réclamer ne sert à rien. Mais le chien peut très bien manger en même temps au travers d’un jouet distributeur par exemple ou avant … Cela ne créera aucun problème de comportement et au contraire, certains chiens insistants autour de la table verront leur attention détournée vers cette possibilité d’alimentation et leur comportement s’améliorera.

- L’humain prend toutes les décisions.
Cette règle est censée être là parce que le dominant (l’humain) dirige le groupe et prend donc les décisions. Si le chien a le droit de prendre ses propres décisions, il devient le dominant. Cette règle est dangereuse, car elle indique, implicitement, que l’humain doit avoir conscience de l’ensemble des besoins du chien ou qu’ils seront simplement bafoués sans que le chien n’ai le droit de décider pour lui-même, de réclamer pour un contact, d’aller de lui-même vers un congénère alors qu’il a besoin de contact sociaux, de renifler alors qu’il a de véritables besoins exploratoires …

Si l’humain fait très attention, cette règle est juste pénible, s’il connait un peu moins bien les besoins de son chien, elle devient soit impossible, soit réellement dangereuse, car des besoins bafoués créent des soucis comportementaux.

Est-ce que cette notion apporte quelque chose d’intéressant ? Oui, de temps en temps mais la réponse est également non, absolument pas. Il y a d’autres règles très éloignées de la hiérarchie qui sont beaucoup plus intéressante à suivre à mon sens.
- Respecter les besoins du chien
- Respecter les distances de sécurité du chien
- Apprendre au chien avant d’exiger qu’il sache
- …

Si les règles autour de la hiérarchie ne sont pas forcément cohérentes, si on peut s’en passer, si on peut trouver une manière plus intéressante de gérer, pourquoi garder cette notion de chef de meute, de hiérarchie, etc, etc … Alors que beaucoup disent qu’elle n’existe simplement pas ?

III – Qu’est-ce qui remplace la hiérarchie alors ?



Et bien, il y a sans doute des grands termes rassurants que l’on pourrait appliquer, mais au final, on a simplement besoin d’un peu de logique. Appliquer des mots dont on ne connait pas vraiment la définition comme "hiérarchie", "dominant", "hyper-attachement", … c’est souvent plus facile mais ce n’est pas le plus intéressant.

Le chien a des besoins, il fait en sorte de les combler et il ne tient qu’à l’humain que sa manière de faire nous convienne. Pour cela, il y a des apprentissages à faire (sauter de partout ne permet pas d’obtenir à manger par exemple) mais également beaucoup de choses à prévoir en amont (sortir suffisamment pour que le chien n’ait pas envie de fuguer par exemple). Parmi tout ce que le chien désire, il y a la sécurité et il pourra se défendre contre l’humain si cela est nécessaire. Alors il n’y qu’à l’humain de lui montrer qu’il ne risque rien …

Parfois, supprimer un mot permet d’observer le comportement totalement différemment, sans a priori, ni idées reçues et l’observation est souvent le premier pas pour comprendre, alors autant ne pas s’en priver !

Conclusion : Se soumettre à des règles parfois fantaisistes pour se sentir devenir "chef de meute", ça n’a rien d’obligatoire. C’est un choix que l’on peut faire, mais du côté du chien, c’est irréaliste de croire qu’il considérera un humain comme un autre chien. Il est important de noter que beaucoup de ces règles refusent de prendre en compte la communication canine (signaux d’apaisement, …) ce qui est non-sens. Après tout c’est cette communication qui permet de régler les conflits. Alors si vous faites le choix de croire en l’existence d’une hiérarchie entre deux espèces, ne croyez pas que la seule présence d’un "chef de meute" assure le bien-être et renseignez-vous sérieusement sur les signaux d’apaisement, la détresse acquise, … Notons que c’est aussi de ce bien-être que découlera votre sécurité et l’absence de problèmes comportementaux.
NWC 55120
NWC 55120
J'avais perdu espoir à force d'écouter tout plein d'éducateur canins et autres propriétaires de chiens dire que laisser son chien dormir avec soi, le laisser manger avant ou en même temps que soi, le laisser aller sur le canapé sans autorisation, ... était une erreur capitale. J'ai toujours nié ça mais au fond de moi j'avais l'impression que c'était finalement vrai... Jusqu'à ce que je tombe sur votre article (trouvé à la suite de la réponse d'une certaine "Redshot87 " me faisant taper sur google : "les légendes de hiérarchie avec le chien") qui m'a procuré un grand soulagement (sans dec) , enfin je peut nier toutes ces histoires de hiérarchie sans cacher le profond doute qui n'avait pas lieu d'être ! Je suis donc plus que décidé et n'ai finalement qu'une envie : adopter mon premier chien dès que ma vie me le permettra ! Merci beaucoup !