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Nous avons décidé de présenter quelques interviews. Voici l’interview de Célicia Lecomte qui a été soigneuse animalier dans diverses associations de protection animale durant un an et demi. Elle a travaillé avec des chiens et de chevaux. Actuellement, elle poursuit sa carrière avec le projet de devenir éducatrice canin.

Bonjour,
Durant un moment, tu as travaillé à l'AVA (Aide aux Vieux Animaux) ainsi que dans d’autres associations, qu'est-ce que tu y faisais ?

Bonjour, j'y étais soigneur animalier. J'y avais intégré une équipe où l'on s'occupait principalement du nourrissage, et de l'entretien. A nous aussi de suivre les procédures données par les éducateurs canin pour les chiens particuliers et de s'assurer de la prise de médicaments ou de soins réguliers.

Quand on voit les soigneurs de zoo à la télévision, ils ont l'air de faire l'éducation des animaux. Etait-ce le cas avec les chiens dont tu t'occupais ?
Non, car je n'étais pas éducateur canin. De plus les associations embauchent souvent via les contrats aidés et à l'époque c'était un mi-temps. En une matinée je n'avais donc pas le temps !
De plus à l'AVA de nombreux éducateurs canin en formation venaient dans le cadre de leurs stage, ils participaient au nourrissage et aux soins le matin comme les soigneurs, et travaillaient à l'éducation l'après midi. Les éducateurs qui travaillaient sur place (souvent au sortir de formation) procédaient de même : soins et nourrissage le matin, éducation l'après midi. Je sais que d'autres associations embauchent et utilisent des éducateurs canin, mais soit ils sont bénévoles, soit ils doivent avant tous effectuer la même besogne qu'un soigneur animalier. On ne peux pas se permettre de fonctionner autrement dans les refuges.

Au travers du nourrissage et du nettoyage, avais-tu le temps de chouchouter les animaux et d'apprendre à les connaitre ?
Cela dépendait des jours, dans le cadre de mes horaires de travail non. Il faut comprendre une chose : les refuges tournent avec ce qu'ils peuvent et comme ils le peuvent. Il fallait donc nourrir, changer l'eau, nettoyer les parcs. Et une fois fini, il fallait avant tout aller aider les collègues. On apprenait inévitablement à connaître les pensionnaires. Et souvent je passais du temps avec les chiens le temps que les colocataires du parc (car à l'AVA ce sont de grands parcs communs) finissent leurs gamelles, quand la surveillance devait être maintenue durant le repas. Mais ça ne m'empêchait pas de m'attacher et je pouvais hors de mes horaires de travail si je le souhaitais passer du temps avec certains chiens.

éducation robot
Célicia travaillant auprès des chevaux de l'association Happy Horse Day

Quel a été ton meilleur souvenir en travaillant à l'AVA ?
C'était globalement le départ des chiens dans leurs familles , surtout ceux qu'on pensait difficiles où trop vieux.
Ce qui était relativement rare a l'AVA car le refuge récupérait surtout des animaux vieux, mais aussi des chiens avec un passé et de ce fait un comportement difficile.

Est-ce que travailler ainsi en refuge n'est pas trop difficile moralement ?
Si, il n'y a ni le temps, ni les moyen d'offrir une vie aussi confortable et attentionnée aux animaux que s'ils avaient une famille. On est sans cesse confronté à cela. De plus, on peut être amené à voir de très près la cruauté. Souvent ce que ne sont que des abandons et de la négligence, mais dans des associations ou j'étais bénévole active j'ai pu voir plus d'une fois des animaux en train d'agoniser de faim, exploités ou simplement oubliés avec leurs souffrances silencieuses. Il faut de toute façon savoir dès le départ que la PA (Protection Animale) est difficile et rare sont ceux qui arrivent à conserver de l'empathie pour leur propre espèce. Mais je reste persuadée que c'est indispensable, rien ne remplace la confiance donnée par les animaux, ou la satisfaction de les voir évoluer et laisser leur passé derrière eux.

Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes intéressées par ce métier ?
Que c'est un métier qui apporte énormément tout en étant très difficile, il faut s'accrocher ! Mais aussi savoir se poser des limites et se préserver dès le départ.
Je ne regretterai jamais toutes les heures de travail ou de bénévolat, même si a priori c'était un boulot ingrat. Mais on peut bien éduquer et rééduquer autant que l'on veut de chiens, de chats, de chevaux : c'est de manger, boire, et d'un milieu de vie propre dont ils ont besoin avant tout. ;)

Et pour ceux qui voudrait faire ce métier, comment peut-on y accéder ?
Les associations utilisent pour la plupart des contrats aidés : se renseigner auprès de pôle emploi ou de sa mission local au préalable pour savoir si on y a accès est un plus. Ensuite comme ces contrats sont limités dans la durée des places se libèrent régulièrement, il faut donc contacter les refuges régulièrement. Avoir une expérience dans les animaux, ou avoir fait du bénévolat avant est un plus. Mais les équipes se font en général un plaisir de vous former, d'autant plus que chaque structure à sa propre organisation.

Merci beaucoup pour toutes ces informations

Les propos ont été recueillis par Céline.