Commençons par les notions de leader et de chef de meute, nous reviendrons en fin d’article sur le référent. J’ai souvent un petit peu de mal avec le terme de leader... car il est parfois employé à mauvais escient comme si "leader", "alpha" ou encore "chef de meute" étaient des synonymes, pourtant, ce n’est vraiment pas le cas. Dans cet article, je vais faire une petite synthèse de ce que j’ai cru comprendre sur cette notion de leader et sur son application par rapport aux chiens.
Vous avez peut-être lu parfois des articles sur le fait de "devenir un leader" pour son chien, je pense pour ma part que c’est une chose impossible à maîtriser, un peu comme la "créativité". On peut travailler sa "créativité" mais nous ne serons pas tous des génies à la fin... De la même manière, il peut être très difficile pour certains individus de devenir des dieux du leadership.
L’important est, je crois, de comprendre que lorsque l’on désire que son chien aille dans une direction on peut le pousser physiquement, l’engueuler pour qu’il avance, le tirer... et alors il n’a pas de pouvoir de décision. Au mieux, il peut uniquement choisir de tout faire pour nous ralentir (et à cause du réflexe de liberté, il risque de le faire au moins dans un premier temps). Ou alors, on peut courir dans cette direction, envoyer une balle dans cette direction,... et le chien reste tout à fait libre de ses décisions. Libre de choisir de nous suivre ou pas.
Un leader est un individu qui propose une activité et que les autres suivent. Vous comprenez peut-être déjà pourquoi ce terme n’est pas un statut ? Personne n’est en permanence en train de proposer des activités et au sein d’un groupe, plusieurs leaders peuvent se détacher à différents moments en fonction des envies de chacun. Autrement dit, je suis parfois un leader pour mon chien. Parfois, mon chien est un leader pour moi.
Un exemple concret, je me lève et je me prépare à sortir. Mon chien est tout content de la proposition d’activité "balade" et me suit très joyeusement. Dans ce sens, ça marche. Mais parfois, alors que je suis affalée sur le canapé, mon chien va à la porte de lui-même pour me proposer : "Tu viens, on se promène un peu ?". Et ça peut me motiver ! Je peux tout à fait suivre mon chien. Quand il me propose d’aller sur tel chemin plutôt que tel autre, je peux dire "OK, pourquoi pas !". Mon chien est donc un leader, lui-aussi.
Dans les notions d’alpha ou encore de "chef de meute", il y a des notions de pouvoir et d’obligations. Contrairement à la notion de leader que l’on vient d’entrevoir et qui contient cette idée d’ouverture, de nouvelles possibilités, de propositions,... dans les notions d’alpha, oser proposer peut être vu comme un signe de rébellion. Le chien ne doit pas marcher devant ! Le chien doit obéir en toutes circonstances ! Vous décidez, il obéit ! Les notions de leader et d’alpha sont donc en réalité, plutôt contradictoires.
Je vous propose un tout petit tableau qui indique quelques grosses différences qu’il peut y avoir entre tout cela.
Chef de meute | Leader |
---|
Est un "titre" décerné à un individu | Est une "fonction" qui arrive parfois |
A du pouvoir sur les autres | N’a aucun pouvoir sur les autres |
Peut obliger les autres | Ne peut pas obliger les autres |
Décide | Propose |
Ce qui peut faire peur, c’est que lorsque l’on décide de cesser d’arrêter les tentatives pour être chef de meute, on restitue à son chien un pouvoir décisionnaire. Il peut nous suivre, mais du coup, il peut aussi ne pas nous suivre. C’est alors que la relation, la complicité, notre compréhension des besoins, etc, etc... prennent toutes leur importance car le chien peut nous montrer qu’il n’a pas envie.
Est-ce que ce prémisse de liberté n’est pas souhaitable ? Est-ce que ce n’est pas le minimum pour pouvoir apprécier correctement la relation que l’on partage avec son chien ?
Nous avons une chance formidable, le chien est un animal pacifique qui fait tout pour éviter les conflits. Si nous ne souhaitons pas la guerre avec lui, il n’y a pas de guerre. Ça peut sembler utopique, mais ce n’est pas le cas... car le chien est vraiment une bonne patte, ce n’est pas un animal compliqué en réalité, ni "sournois" mais c’est un animal qui est capable de se défendre, qui est capable de riposter et qui est capable de se battre pour son bien-être. Bien-être qui devrait être au cœur de nos préoccupations.
Alors malgré cette liberté, avec une bonne relation de complicité, le chien est capable de se dépasser vraiment pour nous. Et avec un peu de malice nous pouvons nous débrouiller pour que nos intérêts et ceux du chien aillent dans le même sens.
Vous pouvez tester votre leadership en liberté (si votre chien a du rappel) en marchant simplement et en faisant demi-tour, en changeant d’idée. Votre chien vous suit ? Fouiller au milieu de l’herbe... Il vient voir ? Ce que vous faites l’intéresse et c’est une très bonne chose ! Amusez-vous à observer tous ces petits moments, puis surveillez tous les moments où c’est votre chien le leader. Est-il un bon leader ? Si oui, c’est plutôt une bonne nouvelle ! C’est qu’il est intéressant, teste, profite,...
Quant à la notion de "chef de meute" autant l’oublier car vous n’y aurez jamais accès quoi que vous fassiez. Vous pouvez vous auto-proclamer, mais ce sera toujours faux, alors autant passer à autre chose.
Il nous reste cette notion de référent dont nous n’avons pas encore parlé. Elle pourrait bénéficier d’un article à elle toute seule, mais je voulais faire un bref topo ici.
Pour commencer on va reprendre le tableau précédent et le compléter avec la notion de référent.
Chef de meute | Leader | Référent |
---|
Est un "titre" décerné à un individu | Est une "fonction" qui arrive parfois | Est une "fonction" qui arrive parfois |
A du pouvoir sur les autres | N’a aucun pouvoir sur les autres | N’a aucun pouvoir sur les autres |
Peut obliger les autres | Ne peut pas obliger les autres | Ne peut pas obliger les autres |
Décide | Propose | Montre |
On ne peut pas dire que le référent ait un pouvoir sur les autres. Déjà, c’est le chien qui peut choisir (ou pas) de prendre une personne pour référent. L’identité du référent n’est pas forcément le propriétaire. Il peut s’agir d’un autre chien ou de n’importe quelle autre espèce, il peut aussi s’agir d’un individu inconnu suivant les circonstances. Le chien n’est pas forcé de ne prendre qu’un seul et unique référent, il peut en avoir des tas.
D’autres parts, on ne peut pas empêcher l’animal de nous prendre pour référent. On peut essayer de casser la confiance, mais c’est tout. Et à contrario, on ne décide pas d’être son référent, on ne peut pas le forcer. On peut essayer de construire la confiance, mais c’est tout. L’animal aura tendance à calquer son comportement sur celui de cette personne prise pour référent. Ainsi un chien peureux peut décider que tout va bien si son référent est détendu et donc, se détendre et faire sa vie. Il peut décider de faire fuir une personne ou de se cacher si son référent est angoissé ou simplement mal-à-l’aise. Le référent ne maîtrise pas le comportement, il l’influence involontairement (le plus souvent).
Généralement, ce sont surtout les chiens inquiets, peureux, angoissés,... qui ont tendance à prendre des référents de façon très visible. Bref, cette notion entraîne un chien qui fait vraiment attention à son référent.
Voilà, c’était juste un petit mot sur les référents et comme vous le voyez, on est référent de façon involontaire, on ne dirige pas, on ne maîtrise pas, on ne commande pas. On n’est absolument pas un "chef de meute" lorsque l’on est pris pour référent. Ce sont des notions différentes.
J’espère que cette petite présentation était claire, je referai sans doute des articles sur ces sujets car il y aurait beaucoup de choses à dire.