J’étais en train de discuter avec une personne qu…
J’étais en train de discuter avec une personne qui estimait un comportement problématique et ma question était : est-ce qu’il est réellement problématique ? Vous savez, c’est une question qui a tendance à déplaire, parce que l’on a tous en tête une image du chien idéal et si Médor a un poil de travers, qu’il a la moindre différence, immédiatement, on peut voir ça comme un problème avant même de s’être réellement posé la question. Ce petit truc, il est dérangeant en quoi ?

Médor fait « ceci ». Ok. Ca vous dérange vraiment ?

Et quand on y réfléchit réellement, parfois la réponse « oui, ça pose en véritable problème » et parfois la réponse c’est plutôt « une fois par an, ouais, c’est chiant ». Une fois par an ça veut dire quoi ? Que ce souci va vous poser problème 10 fois dans la vie de votre chien ? 12, 15 ou peut-être 18 si vous êtes chanceux ? Et est-ce que c’est un peu pénible, un peu chiant ou réellement pas gérable ? Ces questions n’ont pas pour but de ne pas vous amener à travailler un point problématique mais à contempler une balance.

Voici notre balance : Ce que ça nous rapporte VS L’effort que je vais demander à mon chien.

Imaginons la situation suivante, c’est un loulou très joyeux qui a tendance à tirer en laisse quand il voit d’autres chiens. Il adore aller voir les autres chiens. Je peux décider de combler son besoin de contact sociaux ce qui va rendre sa joie un peu plus mesurée, je peux mettre en place des choses qui vont aller dans son sens et qui vont l’aider. Mais il continue de tirer en laisse : pas très fort, mais effectivement elle se tend et il y a une légère pression. Si je lui demande d’ignorer totalement les autres chiens, ma demande est énorme. Ce que je lui demande, c’est de prendre sur lui, de faire taire sa joie, de rester concentré sur le fait de ne pas les voir, de ne pas communiquer avec eux également (ce qui peut être problématique parce qu’il perd une véritable arme de défense mais aussi parce qu’il pourrait se faire surprendre) et puis bien-sûr, de rester concentré sur le fait d’avoir une laisse détendue. C’est faisable, mais est-ce que ma demande n’est pas d’une exigence énorme par rapport au bénéfice que ça nous apporte ?

On peut avoir tendance à ne pas se poser la question et au contraire, à simplement partir d’une grille toute faite concernant le chien idéal et à estimer que cette grille représente la normalité que l’on peut attendre.

Ce chien « normal » il ne tire pas en laisse, il n’aboie pas, il ne saute pas sur les invités même pour leur faire la fête, il ne détruit rien, il reste seul sans aucun souci, il s’adapte sans aucun souci, il obéit, il est intuitif on a pas besoin de lui apprendre pour qu’il comprenne, … Je dirais bien « bref, il est normal » mais tout ceci ce n’est pas « normal ». Le chien normal, il est plutôt du genre à ressentir des émotions et à les montrer. Le chien normal, il vit et existe et donc, il peut se montrer présent même quand on aimerait juste qu’il soit « discret ».

J’ai l’impression que c’est comme ça, en se faisant avoir par ce qui est souvent attendu et en ne se mettant jamais à la place du chien que des humains se retrouvent à exiger la lune tout en faisant comme si c’était vraiment la moindre des choses. Après tout, on lui demande seulement de ne pas tirer en laisse ! Ce n’est rien.

Alors attention hein, vous avez le droit d’avoir besoin de la lune. Le chien en question est un petit poney de plus de 40 kilos et la petite pression qu’il met tire beaucoup trop fort sur vous, qui avez un souci de dos : vous avez réellement besoin qu’il ne tire pas. Le poids de « ce que ça nous rapporte » devient assez imposants pour le demander réellement au chien malgré ce que ça va lui demander… Seulement, si on se rend compte à quel point on lui demande la lune, on peut peut-être faire également des efforts ?

Par exemple :
  • choisir une majorité de lieu où il ne croisera pas de chien, pour demander moins souvent la lune
  • remplir correctement ses besoins afin que notre demande soit moins coûteuse
  • nous éloigner, faire des tours, rajouter de la distance afin de limiter la frustration
  • récompenser énormément ce comportement puisqu’il n’est pas « normal » mais impressionnant
  • faire des balades collectives en liberté, afin de lui permettre réellement d’avoir des contacts
  • changer d’équipement pour pouvoir tolérer un comportement plus important
Après tout, si vous demandez la lune, vous pouvez bien faire deux ou trois aménagements pour pouvoir la recevoir plus facilement, non ? L’exigence ne devrait jamais être unilatérale. Soyez sympas avec vos chiens et s’ils n’arrivent pas à vous offrir la lune, vous pouvez vous consoler en vous rendant compte qu’ils sont tellement géniaux qu’ils essaient quand même !