Il y a beaucoup de choses qui me fascinent dans le comportement canin et dans leurs capacités. Par exemple, il y a le sujet de la catégorisation. Pour faire très bref, il s’agit de réunir un ensemble d’élément dans la même catégorie. Par exemple : la fraise, la cerise et la mure sont des fruits. Ou encore : le shar-peï, le husky et le chihuahua sont des chiens. En tant qu’humain, on n’est pas mauvais à ça, mais c’est une capacité que l’on demande également à nos chiens. Ils sont censés identifier les objets qu’ils peuvent prendre comme les jouets pour chiens et laisser d’autres objets même s’ils sont similaires tels que les jouets pour bébé.
Malheureusement, si les chiens sont plutôt doués à ce petit jeu-là, il y a parfois des loupés. Qu’est-ce qui fait qu’un chien est un chien ? Comment identifions-nous cette espèce ? Attention, vos critères doivent permettre d’écarter les chats, les renards, les belettes, … Les chiens peuvent faire moins de cinq kilos et plus de cinquante. Ils peuvent avoir les poils longs, très longs ou au contraire court. Ils peuvent même ne pas avoir de poils du tout. Leurs poils peuvent être bouclés, durs, lisses. Ils peuvent être de bien des couleurs différentes. La forme de leurs têtes peut comporter un stop ou pas, ils peuvent avoir beaucoup de museau ou très (trop) peu. Ils peuvent avoir des oreilles droites ou pliées voire tombantes.
Identifier correctement les autres chiens, cela permet de se comporter correctement avec eux. Un chien qui parvient parfaitement à faire ça pourrait être tout à fait sociable avec cette immense diversité de chiens et attaquer les chats, les renards, les belettes et toutes les espèces qui peuvent ressembler à un chien que ce soit à cause de leurs gabarits, de leurs morphologies ou autres.
On pourrait se dire que nous avons un énorme biais (c’est vrai !) dans cette représentation. Nous considérons que les chiens sont très différents les uns des autres à cause de critères visuels. C’est assez normal, l’humain vit généralement dans un monde qu’il appréhende grâce à ce sens précis. Les chiens quant à eux n’oublient pas leur odorat... On pourrait se demander, est-ce que c’est par l’odeur qu’ils identifient les autres chiens ? C’est tout à fait possible, lors des prises de contacts, ils vont effectivement renifler les autres. Néanmoins, il y a d’autres facteurs à prendre en compte car un chien qui chasse peut chasser à vue. Sa course poursuite peut se déclencher sans qu’il ait semblé renifler une piste. Concernant les autres chiens,
l’étude de Dominique Autier-Derian (2012) indique qu’ils peuvent effectivement repérer les autres membres de leur espèce sur des photographies.
A ce moment-là, nous pourrions penser que si le chien identifie la silhouette, il se fie peut-être également à la manière dont la proie se déplace ? Même ainsi, il y a une très grande variété de démarche au sein des chiens, certains bondissants beaucoup plus vites que d’autres.
En observant on peut néanmoins s’apercevoir que globalement : ça marche. Les chiens les plus chasseurs chassent d’autres espèces. C’est vrai la très grande majorité du temps ! Comme pour tous les articles « ça tourne mal », soulignons bien ceci : la situation que je vais aborder à présent est une situation plutôt rare que vous pourriez ne jamais croiser. Ne tombons pas dans la paranoïa.
Certains chiens, sociaux avec leurs congénères, se retrouvent à faire de la prédation sur d’autres chiens même si ces derniers sont à l’arrêt. Je pense que le problème ici vient vraiment d’une mauvaise catégorisation. L’animal qu’ils ont devant eux n’est pas identifié comme un chien. Personnellement c’est quelque chose que je n’ai observé que de la part de chiens de taille relativement moyenne à grande en direction de chiens de tout petits gabarits (beaucoup moins de 10 kilos).
A nouveau, rassurons-nous, je fais des balades collectives avec ma chienne de 5 kilos et tout va bien. Je n’ai jamais eu de problèmes même avec des très grands chiens. Cependant, la prédation de ces petits gabarits, ça peut arriver.
Sachant ça, il y a deux grands points à prendre en compte.
1/ la prévention
2/ la prévention
Contrairement aux apparences, ce sont des points très différents, promis.
1/ la prévention
Si vous avez un petit chien avec vous, lors des rencontres il est important de surveiller les premières secondes. Une rencontre normale, entre deux chiens, comporte des phases d’approches, ils se reniflent, s’inspectent, … Une rencontre à risque va être une rencontre où le « grand chien » se met à fixer très intensément le petit. Ce comportement ne fait pas partie de la politesse canine. C’est déjà mauvais signe. Mais le chien qui fixe ainsi et montre des signes d’excitations ou se retrouve en bout de laisse très énervé, autant l’éviter. Ça peut paraître évident et on peut le faire pour éviter toute brusquerie, mais ici, ce n’est pas forcément ce qui est en jeu. Cela peut être potentiellement beaucoup plus important que ça.
Si jamais vous voulez faire une balade collective et que l’un des chiens présente ce comportement envers les plus petits uniquement, nous avons un signe de problème supplémentaire. Donc notre première prévention ça va vraiment être d’observer et d’essayer de comprendre si ce chien est capable de faire une rencontre ou pas.
2/ la prévention
Si vous avez un chien moyen à grand voire très grand d’ailleurs, vous pouvez observer son comportement envers les plus petits en faisant attention à ce point précis. Souvent, tout va bien, si jamais ce n’est pas le cas il pourrait être intéressant de permettre à votre chien de prendre l’odeur de l’autre (par exemple en suivant sa piste, de loin !) pour essayer de l’aiguiller : c’est un chien, pas un gibier. Mais surtout, si vous avez un chiot, et là, ça devient intéressant pour tout le monde, vous pouvez l’aider à mieux catégoriser.
Pour savoir si la tomate est un fruit ou pas, il faut appréhender les règles internes à notre catégorie « fruit ». Ce n’est pas inné. Cet apprentissage se fait. Nous faisons tout le temps des tas de catégories différentes, c’est également le cas pour le chien et on l’avait déjà vu dans cet
article sur le racisme canin.
Pour savoir que tous les chiens sont des chiens malgré leurs grandes différences, il va falloir montrer quelques particularités canines à nos chiots. Il est intéressant que tous les chiens rencontrent des chiens variés que ce soit en termes de gabarit, de formes de museaux ou autres. Une erreur à ne pas faire est d’isoler les chiens par gabarit lorsqu’ils sont jeunes. Les grands chiots devraient rencontrer des petits chiens, sous certaines conditions car effectivement : ils peuvent leur faire mal involontairement, mais ça n’empêche pas de se balader tranquillement à vue !
Donc ce problème va se traiter d’abord en anticipation, en travaillant la socia de tous, puis en observant les rencontres pour éviter les accidents.