Il y a des points tellement basiques que l’on oub…
Il y a des points tellement basiques que l’on oublie souvent de revenir dessus et pourtant leurs implications pratiques sont énormes. Aujourd’hui nous allons parler de l’influence de l’environnement sur le comportement. Pour ça, je vous propose un exercice, imaginez-vous dans ces différents endroits:

* une bibliothèque
* une boite de nuit
* une salle de classe

Il est normal que vous soyez là, c’est un lieu qui vous est connu. Comment réagissez-vous ? Dans la bibliothèque, vous avez peut-être vos habitudes, vous cherchez certains rayons contenant vos thématiques favorites. Dans la boite de nuit, vous aimez peut-être danser ou pas du tout. Vous êtes peut-être dans un coin, mal à l’aise, entrain de râler intérieurement contre les amis qui vous ont traîné là. Dans la salle de classe, vous êtes peut-être studieux ou dissipé, est-ce que vous regardez le tableau ou plutôt la fenêtre ? Dans ces lieux, je réagirais sans doute différemment de vous et pourtant, le plus intéressant ici, c’est bel et bien l’environnement. Vous avez vos réactions en tête ? Ok, précisons quelques détails à présent.
  • la bibliothèque contient uniquement des ouvrages en japonais
  • la boite de nuit est sur le point de fermer
  • la salle de classe est vide, il n’y a pas de professeur
Normalement, ces précisions devraient changer le comportement que vous adopteriez. Personnellement, je ne lis pas le japonais, mais je serais très curieuse d’ouvrir quelques mangas en édition originale. Je viens sans doute de changer de rayon, mais mon comportement va évoluer même sur des détails. Par exemple, la manière dont je me déplace dans une bibliothèque dépends de ma compréhension de son rangement … et donc, de l’étiquetage. Pour chaque exemple, je vous laisse imaginer une variation et ses conséquences.

Le comportement n’est pas une donnée absolue. Il dépend de plein de détails, des détails internes à l’individu (faim, fatigue, bien-être, apprentissages divers, expériences passées, …) et des détails externes (lieu, réaction des autres individus, bruits présents, météo, …).

Il y a des endroits où l’environnement est une donnée qu’il faut vraiment prendre en compte et je pense par exemple aux refuges. Dans un refuge, le comportement que l’on observe est un comportement qui est modifié par chaque élément du refuge (les voisins, les copains de box, la taille des boxs, les employés, les bénévoles, les fréquences des promenades, les visiteurs, …). Du coup, il est difficile de savoir « qui est ce chien » qui est pourtant devant vous. Peut-être que le chien le moins sociable du refuge, n’apprécie pas les autres dans un environnement stressant mais qu’il redeviendra tout à fait « ok chien » dès sa sortie …

Pour illustrer un peu tout ça, je vous propose une vidéo (sans aboiements !) que j’ai pu tourner au refuge de Vitré (35).


Concrètement, qu’est-ce que cette donnée nous apporte ? Imaginons que je travaille sur un souci de « vol ». Le chien ouvre les placards et les vide. Il ouvre le frigo. Il ouvre les meubles divers. Il saute sur les tables. Tout ça n’est possible que si l’environnement le permet et le met en place. Autrement dit, ce même chien en balade n’est pas en train de faire tout ça.

Donc je peux :
  1. réduire les moments où l’environnement se fait tentant
  2. modifier l’environnement pour empêcher ce comportement
  3. modifier l’environnement pour encourager d’autres comportements
Et surtout, je peux bosser sur ces trois pistes en même temps. Appliquons cette idée à mon chien qui « vole ». Je vais changer son rythme de vie pour augmenter les périodes de présence et les moments divers où il va faire autre chose. Ça peut inclure le fait de trouver un chouette pet-sitter par exemple. Je vais mettre des sécurités enfants sur le frigo et sur les placards. Je vais aussi lui proposer quelques choses qu’il peut prendre. Le « vol » est une notion très relative. Le chien prend ce qu’il peut et nous considérons qu’il vole lorsqu’il prend quelque chose d’interdit. Donc s’il veut dépiauter, sortir des trucs, manger des trucs, on va faire en sorte de lui proposer des solutions qui lui permettent de le faire de façon « légale ».

Ce n’était qu’un exemple, mais nous pourrions en donner beaucoup d’autres, dans des situations variées. En changeant l’environnement et ce qui le compose (chiens présents, trucs motivants dans nos mains, …) nous allons accentuer les chances que notre chien revienne et donc de pouvoir apprendre le rappel.

Un détail amusant à propos du rappel, nous l’apprenons tellement souvent dans les mêmes conditions qu’en changeant un détail, notre rappel peut malencontreusement disparaître. Par exemple, un chien ayant ou n’ayant plus son harnais ou son collier peut agir très différemment.

Du coup, quand on travaille sur un comportement problématique, il est très intéressant de noter les détails de l’environnement pour voir comment il l’influence. Parfois avec des changements qui nous paraissent anecdotique, on peut obtenir de véritables avancées ou se simplifier terriblement la vie.

Prenons une minute pour parler de la notion d’étiquette. Parfois on va parler de « chien réactif », « chien voleur », « chien têtu », « chien dominant », etc, etc. Si c’est parfois un simple abus de langage, il faut vraiment avoir en tête que le comportement dépend de l’environnement. Ça veut dire que dans un environnement donné, votre chien a tendance à plutôt réagir comme ceci ou comme cela. Ce comportement précis peut changer, mais nous pouvons également modifier l’environnement pour obtenir autre chose.

Par exemple, un chien réactif qui devient fou dans une voiture peut se montrer des plus calmes si on part marcher avec lui … Un chien peut s’énerver derrière une barrière et se calmer si on l’ouvre. Un chien têtu peut se montrer super coopératif si on change de lieu pour un endroit moins distrayant. Etc. Plein de petits phénomènes peuvent expliquer ces différences, mais pour aujourd’hui, souvenons-nous juste qu’il est très intéressant d’observer l’environnement quand on travaille sur un problème de comportement ou sur de l’éducation.

Et pour finir, j’aimerais rappeler que l’environnement devrait toujours faire partie de nos considérations en éducation. Quand on apprend le rappel dans le salon par exemple, il faut ensuite penser à travailler différents points de difficultés. Il y a la distraction qui rend le chien moins attentif, voir qui l’attire ailleurs. Il y a la durée de l’exercice et la distance à laquelle nous le demandons. Mais il y a également un point qui concerne l’environnement. On l’appelle la diversité de milieu. Si vous demandez votre rappel uniquement en forêt ou uniquement dans un terrain d’éducation, vous ne l’aurez pas forcément sur une place ou dans un parking en cas d’urgence. Ça vaut le coup de bosser un peu de partout pour que les changements soient de plus en plus évidents et naturels pour le chien.

Bref, à vous de faire de l’environnement votre allié !