Gula ou la Dame de la vie

Ecrit par Céline , il y a 7 ans, 11 mois

C'était il y a fort longtemps. À une époque où la technologie ne se miniaturisait pas dans le corps des chiens afin de les identifier. À une époque où les herbes et les potions étaient une forme de médecine particulièrement employée. À une époque où les religions ne parlaient pas de dieu unique et où dans les panthéons se glissaient parfois quelques chiens, compagnons des dieux en leur royaume comme compagnons des humains sur Terre.

En cette époque reculée, qu'aujourd'hui nous nommons malicieusement plus de deux millénaires avant la naissance d'un enfant qui remettra le compteur des années à zéro, s'élevait un temple. Ce n'était pas le seul de son genre, car la Dame pour qui il était ainsi dressé était fortement appréciée, mais dans cette ville ils l'appelaient avec une certaine affection "La Dame de Nippur". Son temple principal n'était pourtant pas celui-ci, mais celui d'une autre ville, celle d'Isin.

Nous retiendrons pour cette dame d'autres noms, le court et mnémotechnique Gula ou le si poétique "Dame de la vie", car la dame de Nippur était avant tout une grande guérisseuse et les prières qui lui étaient dédiées étaient des appels aux soins. Elle soignait par les plantes en montrant les qualités des plus grands herboristes et ses temples étaient des lieux de guérison. A ses côtés se dressait parfois un chien. Ce n'était pas n'importe quel chien mais une manifestation possible de la déesse, directement sur Terre.

Dans l'un des temples, un chenil fut construit. Les chiens qui y vécurent devaient être très précieux, car des siècles plus tard, on retrouva leurs tombes. Ce détail peut montrer toute l'importance et la valeur qu'ils pouvaient avoir au sein du temple et aux yeux des pratiquants.

Ce chenil était lui aussi dédié au soin. Les prières de guérison étaient adressées à la Dame de la Vie et elle répondait, au travers des chiens qui par des coups de langues administrés sur les plaies, appliquaient le soin. Il s'agissait notamment de faire cicatriser de vilaines plaies peut-être grâce à leur salive.

Le malade pouvait alors bénéficier des soins de Gula. Certains objets tels que de petites coupelles, utilisées pour mélanger les herbes, intégrées dans des statuettes de chiens ou encore dans des bas-reliefs représentant la déesse sont les derniers témoignages de ces pratiques de médecine. Au fil des ans, de nombreuses croyances de chiens guérisseurs naquirent. Certaines plus douces que d'autres envers nos amis canidés qui pouvaient être vu comme l'ennemi à combattre au même titre que la maladie. Des siècles et des siècles plus tard, le chien revient au cœur d'une approche du bien-être autour de la médecine avec la zoothérapie mais également comme détecteur de problème de santé, que ce soit au sein de programme de recherche en laboratoire ou auprès de malades, directement sur le terrain.

Pourtant à travers le temps, le chien capable de mordre fut souvent vu comme un animal néfaste et n'aura donc pas forcément eu une image aussi jolie. A travers certains mythes, il est un animal de danger mais il peut être agréable de penser à ce temple et à cette croyance de la Dame de la Vie qui au travers des plantes et des chiens transmettaient ses soins avec une tendresse certaine.

Elle s'appelait Gula. Elle était la patronne babylonienne de la médecine et des chiens. On la retrouve sous des tas de noms différents tels que Nintinuga ou encore Azugallatu, mais son animal était toujours le chien, fidèle compagnon qui veillait au bon soin des malades au côté de cette doctoresse de l'humanité.