Lorsqu’on vit avec un groupe de chiens, on peut observer plein de détails qui indiquent qu’ils s’entendent bien. Si au début, ils peuvent se montrer prudents les uns envers les autres, avec le temps, ils peuvent également tolérer de plus en plus de choses et être de plus en plus à l’aise ensemble. Cela va passer par des passe-droits, des choses qu’ils tolèrent de leurs copains uniquement. Il peut s’agir, par exemple, d’accepter de partager certaines ressources. Si avec la nourriture ça peut rester difficile, on peut plus facilement voir des choses comme boire dans une gamelle d’eau ensemble alors qu’ils ne l’accepteraient pas avec n’importe qui.
On a souvent tendance à croire qu’un chien « possessif » l’est de manière uniforme comme si l’identité de l’individu face à lui n’avait aucune importance, mais ce n’est absolument pas le cas. De la même manière en développant nos relations avec nos chiens, ils tolèrent de plus en plus de choses de notre part et vice versa. Nous acceptons sans doute plus de choses de nos chiens que des chiens inconnus.
Cette tolérance peut donc toucher des ressources et plus globalement le fait d’être près l’un de l’autre. Se tenir à proximité, marcher contre l’autre, se toucher physiquement, se coucher contre lui, poser sa tête sur son flanc comme si c’était un coussin, … Et nous pourrions également faire le parallèle avec l’humain, qu’un chien cherche à dormir contre nous, à poser sa tête sur nos genoux, à se coucher contre nos pieds, c’est un signe de confiance qui doit être apprécié à sa juste valeur.
Lorsque deux chiens acceptent de dormir l’un près de l’autre jusqu’à se toucher, ils montrent ainsi qu’ils sont en confiance et qu’ils apprécient le contact de l’autre. Ce n’est pas quelque chose qui se produit dans tout les groupes de chiens et dans les groupes de plus de deux, on pourra observer que certains se touchent plus facilement que d’autres nous révélant ainsi les dessous de leur relation ou tout du moins, leurs tolérances personnelles.
Il y a d’autres signes particulièrement intéressants qui sont de l’ordre d’avoir des goûts similaires. Ils vont faire des choses ensemble que ce soit renifler le même arbre, regarder dans la même direction ou courir après le même truc, … A force de se fréquenter, la synchronisation devient peu à peu évidente. On croit souvent à tort qu’une bonne relation passe forcément par du jeu, mais un copain de jeu peut être insupportable dans la vie quotidienne. Alors que deux chiens qui ont simplement des goûts similaires et qui sont intéressés par les mêmes activités peuvent avoir une relation certes plus sereine, mais également très riche et intéressante.
Enfin, on pourrait également noter des comportements amicaux forts comme faire la toilette en léchant les oreilles ou les yeux de l’autre. Il ne s’agit pas juste de le renifler pour vérifier des informations, mais réellement de prendre soin de l’autre.
Tout ceci pourrait nous offrir une échelle des comportements amicaux au sein d’un groupe de chiens allant de l’indifférence à une amitié forte. Ce qui suit est une proposition et comme toutes les échelles, il faut les adapter ou considérer des barreaux intermédiaires entre deux niveaux.
La première partie pourrait être de l'ordre de l'indifférence. Les deux chiens ne se dérangent pas l’un l’autre, ils s’ignorent globalement, ils sont capables de se croiser sans chercher à s’éviter particulièrement. La situation peut être très stable, ils ne se dérangent pas mais n’apprécient pas non plus spécialement l’autre. Cette situation est relativement courante en balade collective où certains chiens n’ont aucun intérêt pour certains autres en dehors du moment de présentation en début de balade.
Puis en suite on pourrait se diriger vers une relation de connaissance où de temps en temps, ils peuvent partager une activité mais globalement ils n’ont pas les mêmes centres d’intérêts. Ils arrivent à ne pas se déranger et peuvent parfois faire des trucs ensembles, mais en balade, ils seront régulièrement entrain de faire des choses différentes. Par exemple l'un pourrait aimer explorer dans les fourrés pendant que l’autre préfère les chemins. L’un pourrait aimer les sessions de jeux et les baignades pendant que l’autre préfère observer tranquillement les environs tout en évitant de se mouiller les pattes.
Bien-sûr, les relations peuvent aller plus loin, les chiens peuvent être copains, alors on pourrait imaginer qu'ils aiment bien faire des choses ensemble, ils ont des intérêts communs et ils se font confiance. Ils peuvent donc se prendre l’un l’autre pour référent en cas de doute. L’opinion de l’un compte pour l’autre et il peut se ranger à son avis.
Avec une relation plus intense encore, nous pourrions avoir des chiens qui adorent faire des choses ensembles. On les retrouve tout le temps fourrés dans les mêmes activités et s’ils ont quelques divergences, elles sont finalement assez minimes. Ils se font confiance et ils tolèrent énormément de choses de l’autre. On peut observer des contacts gratuits, ils dorment pas loin l’un de l’autre voire l’un sur l’autre. On les verra souvent côte à côte.
On rêve sans doute tous qu’en adoptant un second chien ou un troisième ou … il devienne le meilleur ami de ceux déjà présents et qu’ils se retrouvent à "faire les 400 coups" ensemble, mais cette relation idéale n’arrivera pas à coup sûr. Ce n’est pas grave, d’autant plus qu’elle ne se construira pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour que la confiance et la tolérance s’installent.
A travers l’observation, on peut deviner les relations sous-jacentes et observer la qualité des contacts présents au sein du groupe. Et, au delà de la simple curiosité, c'est intéressant à faire parce qu'en connaissant mieux les relations entre chiens, on peut proposer un environnement plus adapté. Par exemple s'il n'y a pas d'atome crochu entre deux chiens, peut-être qu'il faut penser à faire un peu plus de balades séparées pour correspondre à leurs goûts. Si leur tolérance est basse, des couchages éloignés les uns des autres et plus de gamelles d'eaux pourraient être les bienvenues. Si au contraire, ils sont très proches, alors des dodos communs pourraient leur faire plaisir ! Gardons néanmoins en tête que cette relation va évoluer avec le temps et qu'il faudra encore l'observer pour essayer de la comprendre.