J’avais très envie de vous parler des hommes de p…
J’avais très envie de vous parler des hommes de paille parce que c’est à la fois passionnant et très frustrant. Un homme de paille c’est une construction mentale de notre « adversaire » que l’on fabrique pour pouvoir se battre plus facilement contre. Et on ne le fait pas trop costaud puisque le but c’est de gagner.

Je vous fais un exemple rapide. Une personne refusant l’idée de devenir végétarien pourrait dire que les végétariens sont : « des mangeurs de graines faiblards qui volent la nourriture des lapins ». Se battre contre devient facile : on veut être en bonne santé, on veut avoir un régime alimentaire varié, on ne veut pas être « rabaissé » au statut de lapin. Alors au final, que cet homme de paille ne représente rien de réaliste n’est pas tellement gênant, il permet tout de même de dérouler un discours et d’aligner des arguments, qu’ils soient fondés ou pas, ça sert un propos.

Lorsque l’on est confronté à un homme de paille qui nous vise, c’est très frustrant parce que ce n’est pas juste, on peut se sentir incompris et c’est très dur de combattre ça parce que l’on est ridiculisé. Seulement, je n’ai pas envie de vous parler des hommes de pailles que l’on peut faire sur les « bisounours qui ne vivent pas dans le vrai monde et qui ne font que distribuer des friandises ». En fait, j’aimerais vous parler des hommes de pailles que nous fabriquons et ils pourraient avoir un nom rien qu’à eux, les « hommes de pailles du coercitif ».

Personne n’a l’air de se revendiquer « coercitif ». Ce terme semble être utilisé par des gens en positif (entendons par là des gens qui font d’abord du renforcement positif et qui évitent le renforcement négatif et la punition positive) pour désigner d’autres personnes qui ne le sont pas et ça, c’est déjà potentiellement problématique. Parce qu’on définie comme ça, un regroupement de personnes qui ne se voient pas forcément ensemble. On met côte à côte une personne qui appuie tout doucement sur les fesses d’un chien pour faire s’asseoir (renforcement négatif) et qui va toujours essayer de rester très bienveillant et très doux et une personne qui va mettre un collier étrangleur et donner des « coups de sonnettes » (punition positive). On met dans le même panier des personnes qui font de l’immersion et des personnes qui prennent un gros ton pour dire « NON ! ». Seulement ils sont différents.

Et puisqu’on y va pêle-mêle on ne risque pas de les comprendre. En faites, c’est même propice à un bon gros homme de paille ! Alors, il ressemble à quoi mon coercitif ?

C’est un bourrin qui possède des chiens, souvent des chiens impressionnants pour flatter son égo. On parle du « syndrome du gros kiki » et il peut compenser également à travers de la musculation ou d’autres choses dans le genre. Il n’y connait rien en comportement ou en communication canine et pense que tout se résume à un seul mot « dominant ». D’ailleurs il s’intéresse plus au loup qu’au chien. Il n’a aucune forme d’éthique ou n’a pas conscience de ce qu’il fait. Il utilise la peur ou la douleur ou les deux. On oublie le respect du chien. S’il emploie ce type de méthode c’est d’abord parce qu’il est incompétent. Et les problèmes ne touchent pas uniquement les chiens, ce coercitif il est également procédurier, harcelant, violent avec l’humain ou plus spécifiquement avec les femmes qu’il respecte très rarement. Il pense que la fin justifie les moyens. Un espèce de « ça passe ou ça casse », sauf que quand ça casse, il envoie des chiens à l’euthanasie.

Et ce portrait-là, il reprend plein de points qui peuvent être vrai. Seulement, ils sont grossis, un peu tordu pour faire de l’adversaire une personne plus simple à ridiculiser et à combattre. Toutes les personnes en positif ont sans doute des parents, des membres de leur famille, des gens qu’ils connaissent bien et qui ne sont pas en positif. Une tape sur les fesses, un gros « non », un petit coup de sonnette… Attention, je ne minimise rien, je ne cautionne rien de tout ça. Seulement, est-ce que ces personnes ressemblent au portrait de notre bonhomme de paille ? Oui sur des détails. Mais globalement ? Pas du tout.

Notre « gros kiki » peut soudainement se transformer en mère au foyer qui veut bien faire et qui a juste écouté son vétérinaire quand il lui a dit qu’il fallait qu’elle apprenne à se faire respecter par son chien et qu’il lui a vendu un super harnais qui coulisse sous les pattes et fait mal au chien.

Notre « gros kiki » peut se transformer en ce vieux monsieur dont le petit chien est toute la vie, qu’il aime de tout son cœur, mais sur qui il crie « pour son bien » afin de pouvoir le soigner, parce qu’il est incompétent ? Oui. Mais également parce que c’est compliqué, parce qu’il n’est pas accompagné, parce qu’il n’est pas curieux non plus, …

Notre « gros kiki » il prend cent visages différents d’un seul coup et si je n’ai strictement aucune compassion ou envie de tendre la main à notre homme de paille sur qui il est si aisé de taper, ces véritables personnes par contre, méritent mieux.

La vérité c’est que nous n’empêcherons jamais des personnes de créer des hommes de paille un peu ridicule en faisant croire que les gens qui pratiquent l’éducation positive vivent dans un autre monde un peu à part et qu’ils n’ont pas conscience des réalités. Je pense qu’on aimerait tous avoir ce super-pouvoir d’arriver dans une dimension parallèle où tout n’est que paix et amour… seulement, on est là, promis, les pieds dans la gadoue comme les autres. On ne pourra jamais empêcher ces constructions nous concernant. Changer les autres, c’est assez vain. Par contre, on n’est peut-être pas forcé de construire des hommes de pailles à notre tour. Et ça, ça pourrait être une véritable stratégie. Enfin, personne n’a envie d’entendre qu’il est un incompétent avec un problème d’égo… surtout quand la personne en question passe son temps à se former et à se remettre en question, mais qu’elle croit sincèrement que « la fin justifie les moyens » (personne ne lui ayant expliqué ou démontré qu’en fonction des moyens, on a pas la même fin) ou encore que « le temps de la rééducation compte plus que le reste » (personne ne lui ayant expliqué ou démontré que ce n’est pas parce que c’est lent au démarrage qu’on ne peut pas gagner la course).

Je crois que c’est intéressant de surveiller ces hommes de pailles. Chez soi, pour essayer de ne pas trop en faire même si ça peut être très naturel, chez les autres, pour éviter de se laisser convaincre par ce type de petites manipulations (souvent inconsciente !) mais également lorsqu’ils nous visent directement en indiquant qu’il s’agit d’homme de paille et en expliquant ce que c’est : un résumé grossier et caricaturale qui déforme les choses pour les rendre assez ridicule. Et nous sommes à priori tous des personnes à part entière, pas des caricatures.